Au premier trimestre 2024, la douane camerounaise n'a réussi à mobiliser que 215,3 milliards de Fcfa, ce qui représente un taux de réalisation de 86,1%, avec un déficit de 34,7 milliards de Fcfa. Le chiffre est en diminution de 11,9 milliards de Fcfa (-5,2%) par rapport à la même période en 2023, où les recettes douanières avaient été collectées pour 227,2 milliards de Fcfa.

D'après le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, trois postes de recettes de la direction générale des Douanes (DGD) sont responsables de la non-atteinte des objectifs. Dans un premier temps, en ce qui concerne l'objectif de 93,8 milliards de Fcfa pour le droit de douane à l'importation, il y a eu un déficit de 12,2 milliards de Fcfa. Il y a eu un manque de 3 milliards de Fcfa pour atteindre le résultat de 15,6 milliards de Fcfa prévu à la fin de mars 2024 en matière de droits d'accises.

En ce qui concerne la TVA à l'importation, le montant prévu était de 115,1 milliards de Fcfa, mais seulement 92,1 milliards ont été mobilisés; ce qui représente un déficit de 23 milliards de Fcfa. Les taxes sur les droits de sortie ont été les seuls à avoir dépassé les objectifs, car, sur les 14,6 milliards prévus, 18,1 milliards de Fcfa ont été collectés, ce qui représente un excédent de 3,5 milliards.

Selon des sources interrogées au sein de la douane, cette situation s'explique par divers éléments. Parmi ceux-ci, on retrouve la fraude, la contrebande, les crises économiques et sécuritaires, ainsi que l'instabilité du cours du Naira, ce qui entraîne une baisse du niveau de perception des droits et taxes de douane du Nigéria sur les biens importés.

De plus, les impayés de l'État à travers son entité, la Société nationale de raffinage (Sonara), la seule raffinerie du pays située dans la région du Sud-Ouest, en sont également une cause. Quatre des treize unités ont été touchées par un incendie violent dans la nuit du 31 mai au 1er juin 2019. « La Sonara nous doit plus de 50 milliards de Fcfa. Les marqueteurs, lorsqu’ils font venir du carburant, ne paient pas toujours les droits de douane et disent qu’ils vont régulariser la facture après. La dette est à hauteur de plus de 100 milliards. Jusqu’à présent, ces marqueteurs paient au compte-goutte. Également, la Sonara qui importe le carburant raffiné pour revendre depuis son incendie, n’a même pas encore payé depuis le début de l’année », révèle la source.

Pendant ce temps, les estimations des revenus douaniers pour l'exercice 2024 étaient prévues à 1 079,9 milliards de Fcfa, mais elles ont été révisées à 1 094,6 milliards de Fcfa, ce qui représente une augmentation de 14,7 milliards de Fcfa (1,3%). Le chiffre obtenu au cours des trois premiers mois de l'année en cours ne représente que 20 % des prévisions. À ce rythme, l'exercice 2024 se bouclerait  avec un taux de réalisation de 80%. En dépit de ce début erroné et de la révision des objectifs globaux, la douane demeure confiante quant à l'atteinte des résultats escomptés. Cependant, elle doit encore faire face à de nombreux facteurs internes et externes susceptibles d'avoir une influence significative sur la réalisation de ses missions.

Selon les informations du Document de programmation budgétaire, il existe un manque de moyens logistiques de contrôle et de surveillance appropriés pour lutter contre la fraude commerciale et la contrebande, tels que les drones et les laboratoires d'analyses. De plus, le Ministère des Finances craint une diminution de l'assiette fiscale liée à la mise en place des Accords de Partenariat Économique (APE), de la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (Zlecaf) et des communautés économiques sous-régionales (Cemac et Ceeac, etc.).