Le Cameroun veut lever une enveloppe totale de 15 milliards sous forme de Bons du Trésor assimilables (BTA) à 13 semaines de maturité. Pour ce faire, le Trésor public camerounais s’est tourné vers les investisseurs de la Cemac présents sur le marché de titres publics de la Beac. C'est ce qui ressort du communiqué d’annonce d’émission du Trésor public camerounais signé le 25 octobre dernier par le Directeur de la Trésorerie du Minfi, Samuel Tela. Le résultat de cette opération qui s'est finalement effectué ce 30 octobre permettra d'évaluer la valeur que les investisseurs de la région accordent au Trésor camerounais, qui met l'accent sur sa politique prudente en matière de ratios de commissions sur ses titres.

En effet, malgré la hausse des taux d’intérêt proposés aux investisseurs, le Cameroun continue d’être le pays qui s’endette le moins cher sur le marché des titres publics de la Beac. Pour preuve, au mois de septembre 2023, le pays proposait un taux d'intérêt moyen de 5,67% sur ses BTA et 7,20% sur ses OTA (Obligations du Trésor Assimilables). Pour ce qui est des OTA, Il va sans dire que le Cameroun a quand même dépassé la barre de 6 % sur ses OTA. Tandis que, le Congo, le Gabon, la République centrafricaine et le Tchad proposaient respectivement aux investisseurs 9,44 %, 9,26 %, 9,54 % et 8,33 % sur OTA. En ce qui concerne les émissions de BTA, bien que le Cameroun ait réévalué son seuil de taux d’intérêt de 3 % pratiqué auparavant, le Tchad, le Congo, le Gabon et la Guinée équatoriale eux rémunéraient les investisseurs à 7,06 %, 6,47 %, 6,30 % et 6,96 % respectivement. Dans l'ensemble, le Trésor public camerounais a facturé la moitié des taux d'intérêt proposés aux investisseurs par le Tchad et la République centrafricaine pour les OTA. Cette augmentation des coûts est elle-même le résultat des mesures d'austérité mises en place par la Beac pour lutter contre l'inflation.

Dans le détail, la Beac a relevé son taux d'intérêt directeur de 50 points de base à 5 % fin mars 2023 pour freiner la hausse de l'inflation et soutenir l'accumulation de réserves extérieures, ce qui en fera la première augmentation cumulée de 175 points de base depuis novembre 2021. En outre, les conditions de refinancement bancaire ont également été durcies par la Beac et les injections hebdomadaires de liquidités sur le marché monétaire ont pris fin. Autant de décisions qui ont réduit la capacité des banques à intervenir sur le marché.

 Il est clair qu’une crise de liquidité se dessine sur le marché des titres publics de la banque centrale (Beac). Pourtant, il s'est imposé ces dernières années comme le lieu privilégié de financement pour les trésors de la Cemac. Aujourd'hui il peine à répondre aux besoins de financement des Etats.