Lors de sa réunion à Washington le 7 novembre 2023, le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI), a approuvé une proposition visant à augmenter de 50 % la quote-part allouée aux pays membres par rapport à leur quote-part actuelle. Selon l'institution internationale, « L’augmentation des quotes-parts contribuerait à préserver la stabilité financière mondiale en renforçant les ressources permanentes du FMI et en réduisant la dépendance aux ressources empruntées ». Il est tentant de remettre en question les avantages de cette nouvelle mesure pour les pays émergents, mais comme l'explique la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, « un FMI doté de ressources adéquates est essentiel pour sauvegarder la stabilité financière mondiale et répondre aux besoins potentiels des membres dans un monde incertain et sujet aux chocs ».

Selon le FMI, les pays membres sont les plus à même de fournir l’argent qu’il (le FMI) leur prête à ses meilleures conditions, dites non concessionnelles. Estimé à environ 983 milliards de Droits de tirage spéciaux(DTS) à la fin juin 2023, le total des ressources dont le FMI dispose constitue une capacité de prêt d’environ 696 milliards de DTS, soit environ 925 milliards de dollars.

En effet, avec l'augmentation des quotes-parts (entendues comme la part des ressources propres du FMI que chaque pays acquiert lors de son adhésion ; ndlr), les pays membres (notamment les pays africains) ont plus d'opportunités de bénéficier de montants de financement plus importants. En outre, une augmentation de la dotation nécessite une augmentation du capital du fonds, qui s'accompagne d'une augmentation des ressources fournies par l'État proportionnellement à la part de l'État dans le capital de l'institution. Selon les réformes de gouvernance convenues en 2010, la quote-part du Cameroun au FMI est de 276 millions de dollars, contre, par exemple, la part des États-Unis estimée à 82 994,2 millions de dollars (17,43 %). Sur cette base, après approbation de l'augmentation, la quote-part de la première puissance de la Cemac pourrait être fixée à 414 millions de dollars. Avec une part de 0,06%, le pays de Paul Biya apparait devant les 05 autres économies de la zone, à savoir le Tchad (140,2 millions de dollars), le Congo (162 millions de dollars), le Gabon (216 millions de dollars), la Guinée équatoriale (157,5 millions de dollars), la RCA (111,4 millions de dollars).     

Outre l’augmentation des quotes-parts, les pays membres ont exhorté le FMI à envisager la possibilité d’élaborer un guide pour un réalignement d'ici 2025, notamment à travers une nouvelle formule d’allocation, dans le cadre de la 17e révision générale des quotas. Ainsi, « les membres ont également reconnu l’urgence et l’importance d’un réalignement des quotes-parts afin de mieux refléter les positions relatives des membres dans l’économie mondiale tout en protégeant les quotes-parts des membres les plus pauvres », a indiqué l’institution de Bretton Woods.  

De plus, le Conseil des gouverneurs examinera cette proposition jusqu’au 15 décembre 2023. L'approbation nécessite donc une majorité de 85 % du total des voix votées. Pour rappel, selon la Caisse Autonome d'Amortissement (CAA), à fin septembre 2023, le FMI est le deuxième préteur multicanal du Cameroun après la Banque Mondiale avec un encours de 848,9 milliards de FCFA à travers son guichet IDA. Cette dette est principalement déterminée par les appuis budgétaires du PEF pour 2017-2020 (321,1 milliards FCFA) ; les appuis budgétaires COVID-19 (224,6 milliards de FCFA), ainsi que les appuis budgétaires du Medc-PEF (mécanisme élargi de crédit- programme économique et financier) 2021-2023 estimés à 202,1 milliards de FCFA. L'institution financière vient d'achever la cinquième revue de ce programme économique et financier avec le Cameroun.