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ACTIVITÉ DE MOTO TAXI : L’ARBRE QUI CACHE LA FORET

Dernière mise à jours il y'a 3 mois

Avec un taux de chômage et de sous-emploi élevé, la moto plus que par le passé est devenu le recours ultime d’une jeunesse sans espoir d’en trouver mieux. Une activité légitimée par les pouvoirs publics afin de couvrir les impairs liés à l’insouciance face à des générations dites sacrifiées.

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L’émergence de l’activité des motos-taxis a été favorisée au Cameroun par des causes plurielles, à la fois structurelles et conjoncturelles. Faisant une cartographie de l’historique du phénomène des motos-taxis au Cameroun l’on constate  que c’est par le Grand Nord (Extrême Nord, Nord et Adamaoua) que la moto a essaimé l’espace des transports au Cameroun. Dans cette zone septentrionale, la contrebande et la porosité de la longue frontière avec le Nigeria ont favorisé l’importation des motos assemblées dans le pays.  Les populations de cette zone du pays ont gardé jusqu’ici la possibilité d’importer, sans contraintes de douanes majeures, des motos assemblées au Nigeria. Ces villes en comptent aujourd’hui chacune des dizaines de milliers en activité quotidienne. Après le septentrion, la région de l’Est, notamment les villes de Bertoua, Batouri et Yokadouma ont joué le rôle de deuxième foyer des motos-taxis au Cameroun. Ce n’est que dans les années 1990 que la région du littoral, la ville de Douala notamment, dans un contexte de crise sociopolitique, s’est positionnée comme troisième foyer d’émergence des motos-taxis. Cette dernière décennie a vu l’extension rapide du phénomène dans les régions du Centre (Yaoundé), de l’Ouest (Bafoussam, Mbouda, Dschang) et du Nord-Ouest (Bamenda).

A l’impossible nul n’est tenu va-t-on dire! La prolifération des motos taxis n’est certainement pas ex nihilo. Le déficit budgétaire a reculé, passant de 1,1% du PIB en 2022 à 0,9% en 2023, en raison d’une meilleure rationalisation des dépenses publiques, de politiques visant à élargir l’assiette fiscale (par rapport à la charge fiscale actuelle de 12,6% du PIB) et de la hausse des prix du pétrole. La dette publique est passée de 45,3 % du PIB en 2022 à 41,8 % en 2023, bien que le Fonds monétaire international classe toujours le pays parmi les pays présentant un risque élevé de surendettement. Le déficit du compte courant a diminué, passant de 3,4% du PIB en 2022 à 2,7% en 2023, en raison de l’amélioration de l’excédent des revenus primaires et de l’augmentation de la production de gaz. La qualité des portefeuilles du système bancaire s’est légèrement détériorée, le ratio brut des comptes en souffrance passant de 13 % à 15,4 % entre fin 2022 et la mi-2023. Toutefois, le ratio de fonds propres est passé de 15% à 16,3% au cours de la même période.

Selon la Banque mondiale, parmi la population économiquement active, le taux de pauvreté à 2,15 dollars par jour était estimé à 23% en 2023, et le taux de chômage était estimé à 3,7%, en raison de la faible croissance économique. Face à cet état des choses, la solution la plus plausible est celle pour les diplômés ou non de trouver refuge dans ce nouveau mode de transport urbain malgré les conditions drastiques de travail. Si le gouvernement voit en cela l’occasion d’une solution de lutte contre le sous-emploi, il convient de noter qu’il ne faut pas toujours compter sur l’activité des motos taxis pour une croissance économique véritable.


Auteur: Donald OMOLOBINA

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