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Transport maritime: le Cameroun sous une “épée de Damoclès”.

Dernière mise à jours il y'a 8 mois

Dans la « flotte fantôme » ayant permis à Moscou de continuer à vendre son pétrole au-delà du prix plafond décidé par les pays occidentaux pour punir la Russie après le déclenchement de la guerre en Ukraine, on retrouve des navires de pavillon camerounais. Yaoundé se justifie en brandissant l'argument de sa non intégration dans le système mondial intégré de renseignements maritimes.

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L'Organisation maritime internationale (OMI) est préoccupée par l'activité de certains navires battant pavillon camerounais. Ces bateaux sont soupçonnés d'appartenir à la flotte de « navire fantôme » qui permettent à la Russie d'exporter son pétrole et de le vendre à plus de 60 dollars le baril, en violation des sanctions imposées à la Russie suite à la guerre en Ukraine. Le Haut-Commissaire du Royaume-Uni au Cameroun, Barry Lowen, a exprimé les inquiétudes de l'OMI au ministre camerounais des Transports, Jean Ernest Ngalle Bibehe, le 14 mars 2024. Il est important de souligner que le siège de l'OMI se trouve dans la capitale de ce pays, Londres.

En effet, après le début de la guerre en Ukraine en février 2022, les pays du G7 (États-Unis, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie, Japon, Canada), l'Union européenne (UE) et l'Australie ont pris la décision de limiter le prix du baril de pétrole russe à 60 dollars afin de diminuer les recettes pétrolières (et donc les dépenses militaires) de ce pays qu'ils accusent d'avoir envahi un État souverain. Afin de concrétiser cela, ces pays ont interdit à leurs compagnies de transport maritime et d'assurance d'accepter des cargaisons de pétrole russe dont le prix du baril dépasse le seuil établi.  

Afin de faire face à ces décisions, Moscou fait appel à une flotte alternative. Cependant, selon l'OMI, cette flotte est composée de « navires fantômes ». Cette désignation fait référence à des navires qui ne respectent pas les règles internationales et les meilleures pratiques. Ils ne possèdent pas d'assurance et choisissent de ne pas passer par les inspections... En décembre dernier, l'Assemblée générale de l'OMI a également pris une résolution qui encourage les États membres à s'assurer que les bateaux qu'ils immatriculent ne soient pas utilisés dans le cadre des « flottes fantômes » afin de contourner les sanctions prises par l'Assemblée générale ou le Conseil de sécurité des Nations unies.

D'après Bloomberg, l'agence américaine d'informations économiques, parmi les 14 pétroliers qui ont été enregistrés au Cameroun en 2023, 11 ont été identifiés comme étant en route vers des ports pétroliers russes. Selon une publication de janvier dernier de The Maritime Executive, le Cameroun a suscité l'intérêt en tant que pays de refuge pour la flotte fantôme. Selon ce journal spécialisé dans les affaires maritimes, « Historiquement, les navires immatriculés au Cameroun ont été liés à d’autres opérations de contrebande de pétrole, notamment en Iran et au Venezuela ».

Par ailleurs, dans un courrier adressé aux autorités portuaires camerounaises, le 2 janvier 2024, les Émirats arabes unis informent de l’interdiction de navigation dans ses eaux des navires battant pavillon camerounais. « Le ministère de l’Énergie et des Infrastructures, chargé de réglementer les opérations des navires étrangers dans les eaux et les ports des Émirats arabes unis, (…) a décidé d’inclure les navires enregistrés sous l’État du pavillon de “République du Cameroun” à la liste existante des navires de l’État du pavillon restreint faisant escale dans les eaux et les ports des Émirats arabes unis, à moins qu’ils ne soient classés par un membre de la classe IACS (Association internationale des sociétés de classification) ou par la Société de classification des Émirats-Tasneef », écrivent les autorités émiraties. Il est donc recommandé aux compagnies et aux agents maritimes des Émirats arabes unis de ne pas fournir de services aux navires qui ne respectent pas cette circulaire afin d'éviter toute responsabilité légale.

« Le Cameroun a toujours réagi immédiatement aux informations mises à sa disposition sur les navires identifiés comme fautifs et, après vérification, radie ces navires », a réagi le directeur des affaires maritimes et des voies navigables du ministère camerounais des Transports. Selon Jean Nlend, le problème réside dans l'absence du Cameroun dans le système mondial intégré de renseignements maritimes (Gisis, en anglais), malgré les importants efforts déployés jusqu'à présent. Jean Nlend a déclaré que cette lacune empêche le Cameroun de suivre les navires signalés dans les zones rouges. C'est la raison pour laquelle le Cameroun a demandé l'assistance du Royaume-Uni afin de s'intégrer dans ce système. La base de données Gisis a été mise en place le 1er mars 2006. Elle offre la possibilité d'obtenir une multitude d'informations concernant la navigation maritime à l'échelle mondiale.

On apprend que l'aide demandée par Yaoundé pourrait également inclure la digitalisation de la procédure d'enregistrement. Selon le ministère des Transports camerounais, la situation actuelle "remet en question la procédure d'immatriculation des navires ayant le pavillon camerounais". D'après le ministre camerounais des Transports, il y a actuellement plus de 200 navires immatriculés au Cameroun qui naviguent sur les eaux internationales. Selon Jean Ernest Ngalle Bibehe, ces immatriculations sont effectuées dans les ports de Douala, Limbe, Kribi et Garoua. En vertu de l'article 14 de l'ordonnance du 31 mars 1962, également connue sous le nom de Code de la marine marchande camerounaise, ainsi que du décret du 6 septembre 1962 qui établit les critères de naturalisation et d'immatriculation des navires.

En attendant l'intégration du Cameroun au Gisis, il a été suggéré de mettre régulièrement à disposition du pays, des informations sur les navires qui ne respectent pas les réglementations et les bonnes pratiques.

 

 

ophelie
Ophelie Ada Zoa
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