L’Union européenne, plus grand importateur mondial des produits de la mer et point focal dans la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée, avait lancé un avertissement et exhorté le gouvernement camerounais en février 2021 à intensifier ses efforts dans la lutte et les actions contre cette pratique. La Commission européenne estime que la mauvaise gestion (peu de contrôles effectués) par l'État camerounais de ses 360 kilomètres de côte maritime est l'une des principales causes de la pêche illégale au niveau international. Pour pallier ce problème, elle avait demandé au gouvernement d'émettre « une politique d’immatriculation solide pour les navires de pêche autorisés à exercer leurs activités sous son pavillon et garantir un contrôle efficace et adéquat des activités de pêche menées par les navires battant son pavillon », dans un délai raisonnable. Le pays a finalement fait l’objet d’une procédure d’identification ou « carton rouge », certainement parce que rien n’a été fait.

L’UE prépare dès lors une décision d'exclusion du Cameroun du marché européen des produits de la mer. C’est du moins ce que laisse entendre le commissaire européen chargé de l’environnement, des océans et de la pêche, Virginijus Sinkevičius, qui dénonce le fait que le pays ait « continué à enregistrer des navires de pêche opérant en dehors de ses eaux sans que leurs activités ne fassent l’objet d’un quelconque suivi ». Selon cette décision, prise au préalable par la Commission européenne qui sera ensuite soumise au Conseil de cette institution, le Cameroun rejoindra donc six autres pays exclus depuis 2013 du marché européen. Il s’agit des Comores, de la Guinée, du Sri Lanka…en raison de la faiblesse de leurs mesures contre la pêche illégale dans leurs eaux territoriales. En théorie, le Cameroun n'exportait plus de poisson vers l'Europe depuis de nombreuses années. En effet, le pays avait été banni de ce marché pour « non-respect des règles sanitaires » en vigueur dans cette union. Cette deuxième sanction qui, a priori, n’aura aucune conséquence d’un point de vue pratique est donc beaucoup plus symbolique.

Selon les statistiques officielles du Ministère de l'élevage, des pêches et des industries animales (Minepia), la pêche illégale dans les eaux camerounaises est responsable de la perte de stocks halieutiques d'au moins 20 milliards de FCFA chaque année. Cependant, pour Virginijus Sinkevičius, au-delà des pertes économiques, la pêche illégale:« Constitue l’une des menaces les plus graves qui pèsent sur l’exploitation durable de la mer, représentant un danger majeur pour le milieu marin, la durabilité des stocks halieutiques et la biodiversité marine ».