Ces dernières années, la République centrafricaine a été le théâtre d'interminables jeux de pouvoir entre la Russie et l'Occident, en particulier la France, dont la position y est obstruée par l'Union soviétique. Aujourd'hui, l'économie est l'un des terrains d'expression de cette guerre qui prend de plus en plus d'ampleur. Outre ses opérations militaires à Bangui, le groupe paramilitaire russe Wagner, qui regroupe désormais plusieurs secteurs économiques en Centrafrique, a mis sur le marché la marque de bière « Africa Ti l’or », dans le but de concurrencer la brasserie Mocaf, filiale du groupe français Castel en Centrafrique. Wagner est incontestablement le suspect principal de cette incendie qui a fait des ravages dans les locaux de la brasserie Mocaf la nuit du 05 au 06 mars 2023.

Radio France Internationale (RFI) a rapporté que plus de 35 bombes incendiaires ont été lancées dans la zone de stockage, faisant fondre des dizaines de casiers et obligeant la direction du Mocaf à jeter des tonnes de bière. Des images de vidéosurveillance de l'usine montrent : « deux groupes de deux hommes lancer, sur les coups de 1h du matin, des cocktails Molotov par-dessus le mur d’enceinte du site. Ces quatre hommes sont grands, athlétiques, en habits militaires, et portent leur mitraillette dans le dos. Si leurs visages et leurs têtes sont couverts, leur affiliation au groupe paramilitaire russe ne fait guère, voire aucuns doutes, selon nos sources sur place. Ils ne ressemblent pas en tout cas aux sept personnes arrêtées lundi soir dans un motel de Bimbo proche de la brasserie et présentées par la police centrafricaine comme les auteurs présumés de cet incendie criminel », rapporte la radio française à diffusion internationale.

La direction de Mocaf, dans un communiqué publié daté du 07 mars, dénonce un « acte criminel et prémédité » ayant visé son dépôt d’emballage et ayant causé « d’importants dégâts économiques et matériels ». L’objectif de cet « acte crapuleux », estime-t-elle, serait de faire stopper ses activités. Si cette information est avérée, la guerre entre Wagner et le groupe Castel atteindra de nouveaux sommets, après que le deuxième a soupçonné le premier d’être derrière la violente propagande visant ses produits, avec le slogan « à chaque achat de Castel, tu finances la guerre et tu te tues ».

De son côté Wagner a accusé le groupe Castel a été à plusieurs reprises de financer des groupes armés tant par certains responsables politiques que par des ONG. En 2022, la justice française ouvrira une enquête sur ces graves allégations. A noter que cette entreprise française fondée il y a 60 ans en Centrafrique emploie 300 salariés directs et 2 000 indirects. C'est l'un des plus grands employeurs privés et contribuables de l'assiette fiscale de l'État centrafricain.