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Huiles végétales : le « vrac » résiste à l’interdiction du gouvernement.

Dernière mise à jours il y'a 8 mois

Dans les différents marchés des 10 régions du Cameroun, des commerçants peu scrupuleux continuent de vendre ce produit dangereux pour la santé des consommateurs.

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Fin janvier 2024, lors des vérifications sur des marchés de Yaoundé, la brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes du ministère du Commerce a apposé des scellés sur pas moins de deux magasins pour vente d'huiles raffinées en « vrac ». Une source interne au département ministériel rapporte que la même brigade avait déjà saisi un camion transportant 30 000 litres d'huile raffinée en "vrac", provenant d'une raffinerie industrielle bien connue du registre des opérateurs de la filière de l'huile de palme au Cameroun, avant les récents événements.

Les résultats récents de la croisade menée par le ministère du Commerce depuis septembre 2023 contre la production et la commercialisation d'huiles raffinées en « vrac » confirment la dénonciation de l'Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc) au gouvernement. Des sources autorisées au ministère du Commerce rapportent avoir reçu de cette association corporatiste une correspondance dénonçant la poursuite de la vente d'huile raffinée en « vrac » sur les marchés nationaux, malgré l'interdiction par le gouvernement de ce produit réputé dangereux pour la santé des consommateurs.

« Dans le contexte actuel de manipulation des aliments, synonyme de mise en danger de la vie des consommateurs, des instructions fermes ont été données par la haute hiérarchie, en vue du strict respect par tous les acteurs, des règles en matière de sécurité sanitaire des aliments, de manière globale, et des textes applicables à chaque filière, de manière spécifique ; au risque pour les contrevenants de s’exposer aux mesures répressives prévues par les lois et règlements en vigueur. Dans le cas spécifique de votre filière, se trouve particulièrement visée la question des huiles vrac, dont la commercialisation, parce que porteuse de risques graves pour la santé des consommateurs, est interdite. J’ai l’honneur d’appeler votre meilleure attention sur cette disposition et de vous inviter à bien vouloir vous y conformer, étant rappelé que les agents assermentés des différents départements ministériels et organismes intéressés seront incessamment déployés sur le terrain auxdites fins », peut-on lire dans une lettre adressée aux promoteurs des industries de transformation de l’huile de palme par le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, le 19 septembre 2023.

A la suite de cette correspondance du ministre Mbarga Atangana, le directeur général de l'Agence des normes et de la qualité (Anor) avait publié un communiqué à l'attention des promoteurs des industries de transformation de l'huile de palme. C'était le 26 septembre 2023. « (…) La prolifération sur le marché des huiles en vrac, le non-respect des normes en vigueur dans le secteur (enrichissement des produits à la vitamine A, étiquetage des emballages qui doivent être translucides, etc., NDLR), ainsi que la difficile traçabilité des productions écoulées sur le marché camerounais, exposent les consommateurs à des risques sanitaires graves », indiquait Charles Booto à Ngon dans son communiqué. Il invitait de ce fait les promoteurs des raffineries à « bien vouloir se rapprocher sans délai de l’Anor, en vue de faire certifier leurs produits ».

Cependant, une source proche du dossier affirme que certains opérateurs de la filière huile de palme qui gèrent les circuits du « vrac » sont désormais en train de chercher un rétropédalage du gouvernement, loin de se conformer aux prescriptions du gouvernement. On rapporte que certaines autorités publiques cherchent à obtenir de la tolérance administrative concernant le commerce du « vrac » en utilisant diverses tactiques. Et pour cause: son prix accessible à toutes les bourses. En effet, ce produit pourtant réputé dangereux permet de lutter contre la vie chère dans un contexte d'inflation généralisée dans les marchés.

En réalité, en plus de l'argument du prix de ce produit, qui est disponible dans les marchés dans des flacons dont on ne peut préjuger la propreté, le « vrac » est une entreprise très lucrative pour ses producteurs. Au détriment de la santé des consommateurs. « Vous avez l’huile en “vrac” qui provient des grandes raffineries. Il peut s’agir du surplus de production, lorsque les cuves de stockage des raffineries sont déjà pleines. Ce surplus est alors écoulé sous forme de “vrac”. Il peut aussi s’agir d’un choix délibéré de la raffinerie industrielle d’écouler une partie de sa production sous forme de “vrac”. En effet, avec ce produit, on élimine les coûts de l’emballage et de l’étiquetage, puis la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), puisque cette huile n’est généralement pas déclarée et est écoulée dans des circuits informels. Tout ceci fait de cette huile un produit très bon marché, qui permet non seulement de faire d’importantes économies sur les coûts de production, mais aussi d’écouler rapidement ses cargaisons pour avoir du cash », explique un fin connaisseur de la filière.

Et ce dernier de poursuivre : « Le “vrac” provient aussi de petites raffineries sous-équipées, qui ne peuvent pas raffiner l’huile de palme de façon optimale. Il en sort donc une huile minimalement raffinée, souvent dans des conditions d’hygiène douteuses, et contenant encore des impuretés. Ce produit non traçable est généralement mis sur le marché dans des emballages (fûts, bidons, etc.) de fortune, non étiquetés. Il n’est pas exclu que certains de ces emballages aient auparavant contenu des produits chimiques, avant d’être utilisés comme conditionnement pour l’huile en “vrac”. Ce qui constitue un risque grave pour le consommateur ».

 

 

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Ophelie Ada Zoa
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