L'Afrique est clairement en tête de la course mondiale pour les énergies renouvelables. Certes, ses investissements dans un secteur comme celui de l'énergie solaire représentent 1% du stock des investissements dans ce secteur dans le monde en 2023, mais elle a réalisé un remarquable bond en avant lorsqu'on prend en compte la valeur réelle des nouvelles capacités solaires acquises au cours de l'année écoulée : 3,74 gigawatts (GW).

C’est le rapport Annual Solar Outlook 2024 : a country-by-country review of the status of solar energy in Africa, publié le 19 janvier par l'Association africaine de l'industrie solaire (AFSIA), qui a rendu ces chiffres disponibles. L'Afrique du Sud, dont l'industrie a connu des améliorations énergétiques ces dernières années, se classe en tête des 38 pays répertoriés en fonction de la réalisation d'un ou des projets d'une capacité supérieure ou égale à 1 MW. Elle a pris 2,96 GW (79%) de toutes les nouvelles capacités solaires du continent. Le Burkina Faso (92,3 MW), la Mauritanie (84 MW), le Kenya (69,5 MW), la République centrafricaine (40 MW), la Côte d'Ivoire (38,1 MW) et l'Egypte (37,5 MW) la suivent de très loin.

Ce classement présente certaines incohérences. Par exemple, le Cameroun n'apparaît pas dans le top 7 mentionné ci-dessus malgré l'inauguration en 2023 de deux centrales solaires photovoltaïques d'une capacité combinée de 38 MW dans la région du Nord. Cela a contribué à réduire considérablement la divergence énergétique entre les réseaux interconnectés Nord et Sud. Il aurait dû être présent avant l'Egypte, qui se classe septième après la Côte d'Ivoire. Cependant, il y a une tendance qui se dégage de ce classement : les investissements dans le solaire se déplacent lentement du Nord du continent (Maroc et Egypte) vers l'Afrique de l'Ouest et du Centre. La République centrafricaine (RCA) joue un rôle important en tant que nain énergétique au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac), mais elle n'est pas encore très prospère. La RCA essaie également de jouer un rôle dans les grandes entreprises du solaire sur le continent.

En 2023, ce pays qui a été touché par la guerre civile depuis 2013 et qui a du mal à se libérer des groupes armés, a construit deux centrales solaires photovoltaïques de 15 MW et 25 MW, situées à Sakaï (10 kilomètres de Bangui) et Danzi (18 kilomètres de Bangui). Energie centrafricaine (ENERCA), l'entreprise publique chargée de la production, du transport et de la distribution de l'électricité en RCA, a pu augmenter sa puissance de 37 MW installée en 2016 à 105 mégawatts en 2023 grâce à ces travaux. En outre, deux centrales hybrides solaires/photovoltaïques ont été mises en service dans les villes secondaires de Berberati et Bambari. Le président de la République, Faustin Archange Touadera, a annoncé dans son discours de fin d'année 2023 que les efforts d'électrification rurale de son gouvernement se poursuivraient en 2024 dans les villes de Bouar, Birao, Bangassou, Bossembele, Obo et Nola, preuve que les autorités misent sur ce type d'énergie pour résorber à moyen terme l'énorme déficit énergétique qui constitue un frein à l'industrialisation du pays.

En plus des installations solaires à grande échelle, un projet de réhabilitation et de renforcement des centrales hydroélectriques de Boali 1 (8,75 MW), Boali 2 (20 MW) et Boali 3 (10 MW) sera mis en œuvre. Il convient de souligner que la ville de Bangui possède également deux centrales thermiques. La plus récente, d'une puissance de 10 MW, a été construite à un coût de 9 milliards Fcfa et a été mise en service en novembre 2021.