Après délibération et approbation à l'unanimité par l'Assemblée nationale, le président de la République centrafricaine, Pr Faustin Archange Touadera, vient de promulguer la loi du 24 juillet 2023 réglementant la tokénisation des ressources naturelles et foncières. Ce processus basé sur la blockchain, qui permet de valoriser et de matérialiser des actifs du monde réel dans le monde numérique, est encadré par la loi Centrafricaine sur la cryptomonnaie du 22 avril 2022, modifiée et complétée par celle du 06avril 2023. Grâce à ce point de bascule, le pays s'engage à « un virage important vers l’adoption d’un système innovant de mobilisation des ressources financières visant à favoriser le développement des communautés locales » ; selon un communiqué de la Présidence de la République du 17 août 2023. Un virage stratégique qui passe, de l’avis du chef de l’Etat, par l’introduction de la technologie de Blockchain. « Le président de la République envisage de positionner notre nation comme un partenaire de premier plan dans le paysage financier mondial », révèle, le ministre d’Etat, directeur du cabinet du Président de la République, signataire du communiqué, Obed Namsio.

Ce cadre juridique innovant fait de la République centrafricaine le premier pays au monde à introduire la tokenisation des ressources naturelles et foncières. L'objectif du pays est de créer un environnement favorable à la croissance des entreprises sur le continent africain. « Il fait entrer notre pays dans une ère de transformation où les individus nationaux et étrangers, peuvent facilement créer leurs propres entreprises et obtenir leurs e-visas d’affaires en ligne », explique, Obed Namsio.

Par ailleurs, selon le communiqué de la présidence, tout opérateur du secteur minier, forestier, agricole ou immobilier pourra obtenir des autorisations de création d’entreprises qui fonctionneront en toute transparence sur la plateforme « Sango » avec tous les avantages de la technologie Blockchain.

Selon la présidence, le chef de l'Etat « considère que cette approche innovante marque une étape décisive dans le cheminement de la Nation centrafricaine vers une croissance économique durable et une prééminence financière internationale ».

Notons que c'est au lendemain de l'audience accordée par le gouverneur de la BEAC,  que le chef de l'Etat a annoncé la promulgation de la loi de tokenisation. Il est difficile de dire comment les deux hommes en ont discuté. Pourtant, comme la banque centrale l'a fait savoir, la cryptomonnaie manque toujours d'un cadre juridique dans le domaine commun. Par ailleurs, l'autorité d'émission considère que le franc CFA continue d'être la seule monnaie légale de la zone CEMAC. Aussi était-elle bouleversée et avait exprimé sa forte opposition au projet de cryptomonnaie porté en avril 2022 par la RCA.

Cela a poussé de nombreux pays et institutions à sortir de leur silence et à critiquer ouvertement le projet centrafricain. Une protestation de la BEAC à cet effet a eu pour effet de suspendre la phase de révision de l'ancien programme avec le pays et le financement associé du FMI. Après que la loi du 22 avril 2022 a été modifiée par la loi du 6 avril 2023, le FMI a approuvé un nouveau programme de 191,4 millions de dollars avec le pays, déboursant la première enveloppe.

Selon les experts, un token, jeton en Français est une unité de valeur numérique qui représente un actif ou une utilisation spécifique dans un système informatique décentralisé comme la blockchain. Plus précisément, les jetons n'ont aucune valeur directe. Ils servent uniquement d'identifiants qui accordent l'accès à des informations sensibles via le processus de tokenisation. Par exemple, les jetons de poker sont un exemple parfait de la façon dont les joueurs peuvent remplacer les jetons par de l'argent. Celui-ci peut facilement être perdu ou volé.