Depuis 2019, China State Construction Engineering Corporation (Cscec) s'est installée sur le terrain, mais n'a pas réussi à atteindre le taux de construction de 50% de la route Ngaoundéré-Paro (70 km) dans la région de l'Adamaoua au Cameroun. Au cours des 5 dernières années, le constructeur chinois n'a effectué que 29,46% des travaux, contre seulement 1% depuis le début de 2024. Ce 25 septembre 2024, ces informations ont été dévoilées lors de la revue des projets routiers réalisée par le ministre camerounais des Travaux publics (Mintp).

Emmanuel Nganou Djoumessi a demandé au coordonnateur des projets du Plan d'urgence triennal (Planut) de lancer la procédure de résiliation du contrat en élaborant un ordre de service de mise en demeure, compte tenu du retard considérable qu'il accuse dans ce projet routier. Débuté le 5 septembre 2019, le projet devait normalement être achevé à la fin de juin 2024. À ce jour, China State Construction Engineering Corporation aurait déjà reçu 12 milliards de Fcfa, ce qui représente 36,3% du budget consommé.

Le maître d'ouvrage regrette que des ateliers et une station de concassage soient en arrêt pendant la construction de la route Ngaoundéré-Paro. De nombreuses pannes d'engins ont été constatées, le directeur du projet n'est pas présent et, en somme, il n'y ait pas d'activité sur le terrain depuis des mois. Ces contraintes sont en contradiction avec le succès de l'entreprise qui, en théorie, devrait être protégée contre toute « défaillance ». D'après les données collectées sur son site web, Cscec a atteint la 9e place du classement Fortune Global 500 2022 des meilleures entreprises du secteur du BTP à l'échelle mondiale. Selon Engineering News Record (ENR), elle a été classée parmi les 500 plus grandes entreprises chinoises et a été classée première sur 250 meilleurs entrepreneurs mondiaux. L'entreprise a également obtenu la meilleure note de crédit dans le secteur de la construction à l'échelle mondiale.  

Cependant, il reste des questions sur les raisons qui ont convaincu les autorités publiques à attribuer un marché routier à un prestataire qui n'est pas spécialisé dans ce domaine. Par exemple, China State Construction Engineering Corporation affirme avoir réalisé plus de 90% des gratte-ciel de plus de 300 mètres, 3⁄4 des principaux aéroports, 3⁄4 des bases de lancement de satellites, 1/3 des tunnels urbains et la moitié des centrales nucléaires (sans mentionner la route).

 En outre, « un Chinois sur 25 vit dans une maison construite par China State Construction », précise-t-il. « Depuis notre création en 1982 nos réalisations sont beaucoup plus axées sur le secteur des bâtiments comme le centre national de natation de Pékin et le Shun Hing Square (Chine), le stade des Martyrs à Kinshasa (RDC), palais des sports à Port-Gentil (Gabon) », faisait savoir une source interne au sein de l’entreprise au début du mois de juillet dernier ; avouant ainsi à demi-mot de leur manque d'experience pour les infrastructures routières.