L'émission de bons du Trésor assimilables (BTA) à 26 semaines qui a eu lieu ce 10 juillet 2023, a généré près de 49 milliards de FCFA pour près de 50 milliards de FCFA recherchés, selon les données recueillies aussi bien à la Beac qu'au ministère des finances (Minfi).

Dans le détail, il s'avère que des investisseurs ont apporté à l'Etat camerounais 54,5 milliards de FCFA dans le cadre de cette opération. Cela dépasse le montant cible d'environ 4,5 milliards de FCFA. Cependant, des sources proches du dossier ont déclaré que le ministère des Finances du Cameroun avait adhéré à une politique prudente en matière de taux d'intérêt, rejetant toutes les offres où les participants exigeaient des taux d'intérêt supérieurs à 5%.

Seulement, pour recevoir ce montant record par rapport à la somme d'argent mobilisée depuis le début de l'année, le Cameroun a dû accepter de rembourser son emprunt à court terme au taux d'intérêt limite de 5% ; soit le même taux proposé il y'a une dizaine de jours pour des titres d'une maturité de 4 ans. Ce qui fait de ce taux un taux bien supérieur au taux maximum de 3% que le pays a jamais payé aux investisseurs pour ce marché ; sur des titres similaires en plus.

Le constat est clair ! Pour que le Cameroun ait une activité de collecte de fonds réussie, elle doit impérativement s'adapter à la hausse globale des taux d'intérêt sur le marché sous régional des capitaux ; résultat du resserrement de la politique monétaire de la banque centrale. En fait, la nouvelle politique monétaire de la Beac implique des relèvements répétés depuis plus d’un an de ses principaux taux directeurs, la suspension des injections de liquidités dans les banques et l’augmentation des volumes de liquidités repris chaque semaine aux banques commerciales, ces dernières agissant en tant qu'intermédiaires sur le marché des titres de la Beac. La banque des Etats de l'Afrique Centrale assèche ces établissements de crédit pour lutter contre l’inflation galopante dans les différents pays membres de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Tchad, RCA et Guinée équatoriale). Cela rend l'accès au financement encore plus difficile et coûteux même pour les États.

 L'impact dévastateur de cette mesure austère sur le marché des capitaux a été si important que le Cameroun a échoué à plusieurs reprises à émettre des titres publics depuis le début de 2023. Le pays de Paul Biya a également dû déclarer une opération infructueuse au cours de la semaine du 26 au 30 juin 2023, en raison, apprend-on de bonnes sources, du faible taux des souscriptions et des taux d’intérêt élevés exigés par les investisseurs. C'est la première fois que le pays est confronté à une telle situation depuis le lancement du marché de la BEAC il y a 12 ans, en décembre 2011.