Depuis que le géant chinois ZTE s’est vu confier la construction du Réseau national des télécoms d’urgence au Cameroun par le ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel), seuls 64 % des travaux ont été réalisés jusqu'à présent. Pourtant, l’entreprise a déjà empoché près de 95% de la somme totale. Il faut le dire, depuis près de 7 ans, ZTE peine à livrer ce projet d'un montant de 109,1 milliards de FCFA. Visant la création d'un réseau de communications multifonctionnel et sécurisé au Cameroun, le projet RNTU a rencontré plusieurs obstacles depuis les premières négociations en 2013.

A l'époque, les autorités camerounaises avaient exprimé leur inquiétude quant à l'utilisation par ZTE de la technologie 2G, la jugeant déjà obsolète. Elles avaient demandé la priorité pour les technologies 3G et 4G (à titre expérimental), mais il n'est toujours pas clair si ces exigences ont été intégrées dans le projet. En effet, l'on apprend que dans le cadre de la mise en œuvre de ce projet, la société chinoise ZTE ne se réajuste pas toujours immédiatement lorsque le Cameroun émet des réserves sur certains aspects liés à l'exécution matérielle du projet. Les documents officiels montrent que cela a été fait sous prétexte que les nouveaux besoins pourraient dépasser le budget initial.

Aussi, le chinois ZTE a déjà reçu plus de 900 réserves sur la qualité de son travail par rapport aux attentes du Cameroun dans le cadre du processus d'exécution du contrat. Dans un rapport « de suivi des levées de réserves » daté de décembre 2021 et préparé par le consortium Resytal-Matrix Télécoms, chargé du suivi des travaux, l’on apprenait que plusieurs centaines des réserves émises n’avaient toujours pas été prises en compte par ZTE sur les sites de Yaoundé, Douala, Bertoua, Ngaoundéré, Maroua, Garoua, Ebolowa, Mvomeka, Bafoussam, Bamenda et Kribi. Ce qui explique pourquoi le projet, attendu depuis 2019 selon les détails de l’accord, n’a toujours pas été livré jusqu’à présent.

Par ailleurs, l'entreprise était également soupçonnée de surfacturation. En 2016, le MINTP estimait que le coût d'un des data centers du projet avait été surestimé par ZTE de 1,8 milliard de FCFA. L'entreprise a nié tout acte répréhensible. Malheureusement, il n'y a eu aucun redressement. Malgré ces défaillances, ZTE fait pression pour percevoir les 5% restants, soit 3,5 milliards FCFA, sans achever le projet. De plus, le groupe entend également décrocher un contrat de maintenance de 4 milliards FCFA.

Rappelons que RNTU est un projet né de la visite du président camerounais Paul Biya en Chine en 2011. Il comprend cinq composantes : un réseau de radiocommunication à ressources partagées, un système de communications d’urgence, un système de vidéosurveillance, un système de visioconférence et un système e-police. Ces composantes visent à améliorer la gestion des urgences, la prise en charge des appels de détresse, la protection des biens et des personnes, ainsi que la gestion des opérations de sécurité dans certaines villes du pays.