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Sécurité alimentaire : le cri d'alerte du PAM.

Dernière mise à jours il y'a 7 mois

Après le Tchad, le Programme Alimentaire mondiale (PAM) envisage interrompre son assistance au Cameroun. Et pour cause, une baisse de ressources de ce démembrement de l'Organisation internationale des Nations unies.

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« Nous nous retrouvons dans une situation financière particulièrement déficitaire qui est telle que, nous avons été amenés, récemment, à procéder à des réductions de rations. Dans un premier temps, de 70%, ensuite de 50% et aujourd’hui, après la fin du mois d’avril, nous n’avons pas de visibilité quant au financement possible ». Ainsi s’exprimait le responsable adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM) au Cameroun, Aboubacar Guindo, au micro de Radio France internationale (RFI) ce 7 avril 2024. Le cri d'alarme et de détresse de ce responsable onusien résulte de la situation financière difficile du PAM au Cameroun.

C'est en fait depuis la fin de mars dernier que cette institution onusienne admet son manque de ressources. On se souvient que le PAM et le Haut-commissariat des réfugiés au Cameroun (HCR) avaient, dans une lettre conjointe datée du 26 mars 2024, déjà exprimé leur incapacité à continuer à accompagner les réfugiés vivants au Cameroun. Des besoins immédiats de 14 milliards de Fcfa (23,1 millions de dollars) étaient nécessaires pour que son action se poursuive de manière optimale.

Cette faible collecte de fonds pour l'aide humanitaire observée est due au phénomène qui est présent à l'échelle mondiale et également au Cameroun depuis quelques années. Par exemple, les besoins de 245,5 milliards de Fcfa (407,3 millions de dollars) ont été sollicités en 2023, mais seulement 125,8 millions de dollars ont été mobilisés par les donateurs au 31 décembre 2023, selon Ocha. C'est dire que, seuls 31 % des besoins nécessaires ont été satisfaits, contre 69 % des besoins humanitaires non satisfaits. Pour 2022, la tendance a été la même. Seuls 42 % des besoins nécessaires ont pu être satisfaits à la fin de cette période.

Au vu de ce qui précède, l'organe onusien a dû s'adapter à cette situation. Et la conséquence directe de cette adaptation a été « une réduction de l’assistance humanitaire apportée aux populations, privant les populations d’une assistance et de services de protection essentiels, » indique OCHA. Il s'agit notamment d'une  réduction de 50% des rations des réfugiés, de la distribution de paniers alimentaires incomplets depuis la fin 2023 avec des produits manquants tels que les légumineuses, l'huile végétale et le sel. Précisons que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a recensé 460 000 réfugiés au Cameroun. Parmi eux, plus de 220 000 réfugiés venus du Nigeria et de la République centrafricaine.

Si rien n'est fait dès maintenant, les répercussions pourraient être beaucoup plus graves. « Ce qui se passe, c’est que si vous vous retrouvez avec des camps de réfugiés, on va dire 77 000 par exemple au niveau de l’Extrême-Nord, ils seront certainement, si rien n’est fait, obligés d’adopter ce que l’on appelle des mécanismes d’adaptation négatifs. Et là, on parle d’une majorité de jeunes gens, d’une majorité de jeunes dames, je vous laisse imaginer ce qui pourrait arriver. Il faut aussi noter que c’est une zone dans laquelle on a encore des groupes armés qui recrutent encore. Il y a, également, des risques pour la santé, par rapport au développement psychomoteur des enfants que nous accompagnons dans les programmes de malnutrition. Donc c’est une situation qui nous préoccupe grandement », ajoute Aboubacar Guindo.

Il est possible que de nouvelles réductions soient également apportées aux rations des réfugiés. « Sans un soutien immédiat, nous n’aurons d’autre choix que de réduire encore davantage les portions déjà maigres sur les assiettes des réfugiés, avec toutes les conséquences dévastatrices que cela entraînera notamment l’augmentation de la malnutrition et de la faim, l’exposition à des risques liés à la protection sociale poussant les familles à recourir à des stratégies désespérées pour faire face à la situation. Il s’agit du retrait des enfants de l’école et la réduction de leur consommation alimentaire – affectant surtout les femmes et les enfants », a déclaré Wanja Kaaria, représentante et directrice-pays du PAM, dans la lettre du 26 mars dernier.

Le PAM envisage de mettre fin à ses activités au Cameroun, qui est le deuxième pays de la sous-région cemac, en raison de manque de ressources financières. Le Tchad était le premier. Le 12 mars dernier, l'agence Onusien avait envisagé de mettre fin à son assistance à ce pays dès avril. Pour remédier à la situation, 145,7 milliards de Fcfa (242 millions de dollars) étaient nécessaires. Le Tchad, pays regorgeant plus d’un million de réfugiés, soit l’une des populations de réfugiés les plus importantes et à la croissance la plus rapide d’Afrique, se verra donc couper de l’aide aux réfugiés. En plus du déficit de financement, l’organisation onusienne alerte sur l’imminence des pluies.

 

 

ophelie
Ophelie Ada Zoa
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