Le projet d’implémentation d’une prime à la casse avait été officiellement annoncé le 28 août 2022. « La Prime à la Casse est un processus qui permettra aux propriétaires de véhicules automobiles de renouveler sans contraintes financières leurs véhicules. Chaque camerounais pourra avoir son véhicule neuf. Nous sommes en plein pourparlers avec les différents partenaires », s’était ainsi exprimé avec assurance et enthousiasme le ministre des Transports(MinT), Jean Ernest Masséna Ngalle Bibehe.

Un an plus tard, le projet, qui consiste à retirer de la circulation les vieilles voitures en échange d'autres financements gouvernementaux et d'un soutien bancaire pour l'achat de voitures neuves, n'a apporté aucune nouvelle encourageante. Alors, qu'est-ce qui ne va pas ? L'on apprend que c’est un projet « sur lequel le ministère des Transports travaille actuellement », sans plus de détails sur le budget prévu, ni sur le lancement effectif de cette initiative.

 Cependant, plusieurs facteurs peuvent justifier ce retard, notamment des ressources financières insuffisantes. Les propos analytiques de Jean Collins Defossokeng, président du Syndicat national des employés du secteur terrestre (Synester) dans une interview accordée à EcoMatin le témoignent à suffire.  « Quand on regarde le matelas financier du Cameroun, est-il possible que le gouvernement soit en train d’accompagner les gens à faire une telle action ? Je ne pense pas. Moi, je dis pour le moment, c’est un leurre », a-t-il déclaré.

Un autre obstacle à ce retard est l'importation de véhicules anciens, qui pose problème aux autorités. Car plus il y a de voitures usées dans le pays, plus les coûts de gestion du projet peuvent être élevés. Pour preuve, des sources du Mintransports affirment qu'en moyenne 30 000 voitures et camionnettes sont importées au Cameroun chaque année. La majorité étant des voitures d’occasion de plus de 15 ans. Si le projet vient même à être mis en œuvre, le gouvernement devra également s'attaquer à l'état des routes, qui représentaient 10 % des accidents au cours de la période considérée. Cela signifie que les voitures qui roulent sur des routes accidentées seront endommagées plus tôt que prévu.

Par ailleurs, compte tenu des chiffres du Mintransports sur l'impact des mesures de sécurité routière introduites au Cameroun en 2021 par le cabinet d'études Cyscom, la mise en œuvre du projet de prime à la casse permettra de réduire le nombre d'accidents de la route. L'étude en question révèle que 21 049 accidents de la route ont été enregistrés dans le pays entre 2011 et 2017, entraînant 7 203 décès. L'état du véhicule était la deuxième cause la plus importante de ces drames (17 %) après les excès de vitesse (35 %).