Selon Mays Mouissi, le ministre gabonais de l'Economie et des Participations, le Gabon a l'intention de mobiliser 400 milliards FCFA sur le marché financier de la CEMAC cette année, ce qui est supérieur à 70 milliards FCFA au montant prévu dans la loi de finance du pays. Selon la même source, cette opération sera effectuée en deux étapes. La première sera versée en mars à 200 milliards FCFA, tandis que la seconde sera versée en octobre 2024. Le gouvernement pourra financer les projets d'investissement inclus dans le plan national de développement pour la transition avec les fonds mobilisés dans le cadre de ces opérations, ainsi qu'apurer une partie de la dette intérieure.

Le Gabon a opté de faire confiance à deux sociétés de bourse camerounaises, Building Emerging Markets Securities (Bems) et Attijari Securities Central Africa (Asca), afin de structurer cette levée de fonds sur le marché boursier unifié de la Cemac. Frederic Yifomnjou est le directeur de la jeune SDB camerounaise Bems. Elle est basée à Douala et a récemment obtenu l'agrément de la Cosumaf en octobre 2023 pour exercer les activités de conseil en services professionnels intégrés, d'intermédiation boursière et de tenue de comptes titres.

Quant à Asca, la SDB du marocain d'Attijariwafa Bank pour l'Afrique centrale, elle est dirigée par Ernest Christian Pouhe, et est actuellement en pleine forme. Elle a accompagné l'État du Cameroun dans ses opérations de levées de fonds sur le marché financier régional en 2023 et 2022 grâce à son ingénierie financière. Asca a également fait partie du comité de placement de l'emprunt obligataire du Gabon (175 milliards de Fcfa). Selon des sources fiables, ces agents financiers ont déjà été autorisés par la Cosumaf à diriger cette opération. « A cet effet, Bem Securities a été mandaté en qualité de chef de file et arrangeur (principal) de cette opération et Asca en qualité de co-arrangeur, » détaille-la note.

En plus d'un emprunt obligataire de 778 millions de dollars, le Gabon se prépare à mettre en place le neuvième emprunt obligataire de son histoire en matière de finances publiques. Le pays de la Cemac deviendra le plus dynamique avec cette nouvelle levée de fonds, dépassant même le Cameroun qui se prépare à sa huitième levée de fonds cette année. Sur le marché national, Libreville a l'intention d'émettre 239,9 milliards FCFA en Bons et Obligations du Trésor auprès des spécialistes en valeurs du Trésor, ce qui évalue le besoin de financement prévu pour cette année à 578 milliards FCFA.

L'issue de cette opération permettra de mesurer la perception de risque des investisseurs de la Cemac vis-à-vis de ce pays, qui a été le théâtre d'un coup d'État militaire en août 2023. Le soutien financier de la communauté internationale a diminué depuis lors. Cette année, le pays devrait être privé de plusieurs sources de financement. Il s'agit notamment du FMI, de la BAD et de l'AFD. Il est probable que l'offensive de Libreville sur le marché régional soit justifiée par ces représailles, car les charges de Trésorerie augmenteront de 8 % en glissement annuel à 1 464, 1 milliards de Fcfa.