Arrivé le mardi 31 janvier en début d’après-midi, à l’aéroport de Kinshasa, en République démocratique du Congo, le souverain pontife a adressé un message fort au reste du monde : « Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l'Afrique ! Cessez d'étouffer l'Afrique : elle n'est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser ». Ces mots ont été applaudis, résonnant particulièrement en RDC, pays au sous-sol d'une immense richesse et à la terre fertile, dont les deux tiers des quelques 100 millions d'habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Le « colonialisme économique » était l'œuvre de multinationales et de pays lointains, mais les pays frontaliers de la RDC sont aujourd'hui accusés également de piller les ressources de la RDC, économiquement rentables et source de conflit.

La RDC a notamment fait face à une résurgence du groupe armé M23, qui a occupé ces derniers mois de vastes zones du Nord-Kivu, une province congolaise frontalière du Rwanda, et a été accusé d'ingérence à Kinshasa. Devant le pape, le président congolais Félix Tshisekedi sest exprimé en ces termes: « En plus des groupes armés, des puissances étrangères avides des minerais de notre sous-sol,  commettent des atrocités brutales avec le soutien direct et lâche du Rwanda voisin ». En effet, Il existe des dizaines de groupes armés, dont des rebelles islamiques, qui ciblent les civils dans l'est de la RDC. La visite du pape relevons le intervient deux semaines après une attaque sanglante alléguée par le groupe État islamique (EI) contre une église pentecôtiste au Nord-Kivu.

Dans son discours, le pape François a exhorté les Congolais « à ne pas tomber dans le tribalisme et les conflits » et « a encourager un processus de paix en cours » afin que « les promesses soient honorées ».  Il n'a également montré aucune pitié à l'establishment « pour des élections libres, transparentes et crédibles », au milieu des menaces de corruption alors que les élections présidentielles se dérouleront le 20 décembre. Comme l'Église joue un rôle vital dans la société et la politique de la République démocratique du Congo, les Congolais attendaient un message du Pape concernant ce domaine de la démocratie, en plus du conflit. « En regardant ce peuple, on a l’impression que la communauté internationale s’est presque résignée à la violence qui le dévore. Nous ne pouvons pas nous habituer au sang qui coule dans ce pays, depuis des décennies désormais, faisant des millions de morts à l’insu de beaucoup » a également martelé le pape François.