Le ratio de soutenabilité de la masse salariale de l’État est le rapport entre les dépenses des personnels de l’État et le volume des recettes fiscal-douanières collectées au cours d’une année. En faisant le rapport entre les prévisions des recettes fiscalo-douanières en 2023, projetées à 3 528 milliards de FCFA, et l’enveloppe budgétaire prévisionnelle dédiée aux dépenses des personnels (1 257,7 milliards de FCFA), il ressort un résultat de 35,64%, soit seulement 0,64 point de plus que le seuil de 35% admis dans la zone Cemac.

Depuis 2009, soit 14 ans, l’État du Cameroun n’a jamais respecté ce ratio de soutenabilité de la masse salariale des agents publics. Mais, si les prévisions budgétaires y afférentes sont réalisées, le pays devrait se rapprocher de cette norme au cours de l’année 2023, et pourrait même finalement la respecter plus tôt qu’en 2025, année au cours de laquelle le document de programmation économique et budgétaire à moyen terme (2023-2025) fixe cet indicateur pour la première fois en dessous de 35% pour être exacte 33,8%, après plus de 36% de 2022 à 2024.

La non-conformité du Cameroun à l'indicateur depuis 14 ans est le résultat de plus d'une décennie d'emplois massifs dans la fonction publique, selon des sources officielles. En effet, selon les données gouvernementales, le nombre de fonctionnaires au Cameroun est passé de 206 212 à 346 557, soit une augmentation de 68 %. Les coûts de la main-d'œuvre ont suivi une courbe ascendante similaire, passant de seulement 681,4 milliards de FCFA à plus de 1 000 milliards de FCFA au cours de la même période.

Pour inverser cette tendance, les gouvernements rationalisent désormais le recrutement. À cet égard, notons par exemple que le 11 juin 2021, Joseph LE, ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra) a signé 28 décrets ouvrant des procédures de sélection pour l'embauche de nouveaux fonctionnaires dans divers corps. Au total, 1 536 postes étaient ouverts. Ce nombre représente tout de même une réduction significative par rapport aux 3 700 postes pourvus en 2020, contre 5 411 et 5 179 postes vacants en 2019 et 2018, respectivement.