En effet, L’Etat et la centrale nationale d’approvisionnement en médicaments et en consommables médicaux essentiels (Cename) entretiennent une relation extrêmement toxique, bien que  le gouvernement souhaite activement que cet établissement public à caractère technique retrouve son niveau de performances d’antan, grâce à la mise sur pied d’un plan de réhabilitation qui s’étend jusqu’en 2035. Le rapport sur la situation des entreprises et des établissements publics au 31 décembre 2021, rendu public par la Commission de Réhabilitation des Entreprises (CTR) illustre paradoxalement les obstacles et les goulots d'étranglement existant entre l’État et ses démembrements pour l’atteinte des objectifs. La Cename a connu une année 2021 difficile, marquée par un arrêt des livraisons de médicaments commandés à des fournisseurs étrangers; c’est ce qui ressort de ce document, qui représente la situation financière des entreprises et organismes publics du portefeuille de l'Etat. La principale raison de cet arrêt de la coopération est l'accumulation d'impayés à hauteur de 14,6 milliards de FCFA à fin décembre 2021. Le CTR a également noté une baisse des fonds propres de la structure étatique, principalement due aux ventes de médicaments, qui ont été évaluées à -66% par rapport à l'exercice 2019 et à -48% par rapport à l'exercice 2020. Les clients qui remporteront la palme d'or de la faillite dans ce registre sont des entreprises publiques telles que les hôpitaux publics et les fonds communautaires de promotion de la santé. Ils détiennent à eux seuls plus de la moitié de la dette client, d'une valeur de 14,4 milliards de Fcfa au 31 décembre 2021. Cette situation précaire a non seulement favorisé l'insolvabilité de la Cename auprès de ses fournisseurs, mais elle a également aggravé son déficit devenu abyssal auprès de l’administration fiscale pour une dette d'un montant total de 643 143 000 de FCFA au 31 décembre 2021. D'autres problèmes structurels impactant la fonctionnalité de la Cename identifiés lors de diverses missions de diagnostic au sein de cette structure apparaissent dans le dernier rapport du CTR. Il s'agit notamment de l'écart entre leur statut (autorité publique à caractère technique) et leurs fonctions officielles (achat et vente de médicaments). On note également l'absence de subventions compensatoires liées à l'homologation des prix des médicaments, le non-remboursement par l'État des fonds de contrepartie préfinancés du Cename et l'obsolescence des textes réglementant les médicaments.