La Cour de justice de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (Cemac), à N'Djamena (Tchad), vient de rendre public la décision concernant l'affaire entre le brasseur Union Camerounaise des Brasseries (UCB), filiale du groupe Kadji et le groupe Castel. Ce 11 juillet, la cour de justice communautaire présidée par Julienne Elenga-Ngaporo a définitivement rejeté l'action intentée par la UCB au Cameroun et a déclaré son recours irrecevable en raison de son manque d'intérêt à agir. « La cour statuant publiquement et contradictoirement à l'égard des parties en premier et dernier ressort : reçoit l'intervention de BGI recevable ; déclare également la note en délibéré de la Commission recevable ; déclare le recours de UCB irrecevable pour défaut d'intérêt à agir ; ordonne la notification de la décision à UCB… », peut-on lire.

La juridiction de la Cemac confirme le rachat de Guinness Cameroon par le groupe Castel par la filiale Brasserie Glacières et Internationales (BGI), qui est la maison mère de Société anonyme des boissons du Cameroun (Sabc). Dans le cadre de cette entente, le ministre du Commerce déclarait que c'était uniquement aux autorités communautaires de s'assurer du respect des règles de la concurrence. Luc Magloire Mbarga Atangana, en réponse aux préoccupations de certains députés à l'Assemblée nationale à ce sujet, a également indiqué que l'État a obtenu 51 milliards Fcfa dans cette opération, en raison de différents impôts.

Il convient de rappeler que la transaction conclue il y a deux ans entre le britannique Diageo et la Sabc pour 459,8 millions de dollars (environ 277,6 milliards de Fcfa) permet à Boissons du Cameroun de contrôler 80 % des bières locales et plus de 90% des boissons alcoolisées aromatisées (alcool mix). Une opération qui pourrait renforcer sa position dominante sur le marché camerounais, ce qui a conduit UCB à s'opposer ouvertement à la transaction en d'abord contactant les autorités régionales de la concurrence pour obtenir des informations sur les conditions de la transaction, en raison de la crainte d'une pratique "anticoncurrentielle".

Les autorités ont ensuite refusé l'autorisation au brasseur local, arguant que le CCC avait violé la loi communautaire en ne publiant pas le résumé de l'accord dans le bulletin officiel de la Commission. Le 14 août 2023, UCB a attaqué les tribunaux en déposant un recours pour annuler cette autorisation, puis a demandé, quelques jours plus tard, aux juges communautaires de procéder à une suspension de son exécution. Le jugement de cette nouvelle demande, rendu aujourd'hui par la Cour de justice communautaire, met fin à plus de deux ans de contestations de la part de UCB concernant cette opération.

Il faut noter que bien avant la prise de décision finale, les conséquences de ce mariage ont commencé à se concrétiser, car Boissons du Cameroun a annoncé en mars 2024 avoir investi plus de 45 milliards de Fcfa dans la rénovation de son équipement de production. Le géant français a pris cette mesure lors de la signature du contrat et l'a inscrite dans un cahier des charges transmis à la commission, comprenant un programme d'investissement de 200 milliards de Fcfa sur une période de 5 ans, à partir de 2023. Il y a aussi l'extension et l'amélioration du réseau de distribution, la sauvegarde et la création d'emplois, la défense des droits des consommateurs.