Blanchiment d'argent & financement du terrorisme : vigilance accrue du Nigeria avec le Cameroun.
Dernière mise à jours il y'a 1 ansDans une correspondance administrative datée du 6 juillet 2023 à l'endroit des banques et institutions financières opérant au Nigeria, la banque centrale du pays le plus peuplé d'Afrique a déclaré qu'elle prescrivait une vigilance accrue dans les transactions financières avec certains pays comme le Cameroun.
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« L’attention des banques et autres institutions financières est attirée sur les résultats de la plénière du Groupe d’action financière (Gafi) menée du 21 au 23 juin 2023, et l’ajout du Cameroun, du Vietnam et de la Croatie à la liste des juridictions sous surveillance renforcée. (…) Par conséquent, les vérifications renforcées doivent être appliquées, dans les cas graves, des contre-mesures peuvent devoir être mises en œuvre pour sauver le système financier international », peut-on lire dans la lettre de la banque centrale.
La mesure de précaution prise par les autorités nigérianes est due au fait que le 23 juin 2023, les trois pays ci-dessus évoqués ont été inscrits sur la liste « grise des pays sous surveillance renforcée » du Gafi, l’organisme international de surveillance de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Ces pays auraient des « déficiences stratégiques dans leurs régimes » de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, mais se sont tout de même engagés à travailler avec le GAFI pour y remédier.
Le rapport du Cameroun s'inscrit dans le contexte des revendications séparatistes dans les régions anglophones du nord-ouest et du sud-ouest qui sont en proie au terrorisme depuis l'éclatement de la crise sociopolitique en fin 2016. Depuis lors, pays frontalier du Cameroun, le Nigéria, qui partage une tradition culturelle avec les habitants des deux régions en crise, a toujours été dépeint comme l'épine dorsale des séparatistes camerounais. Le 5 janvier 2018, le leader séparatiste anglophone du Cameroun, Sisiku Ayuk Tabe, et une douzaine de ses adjoints ont été arrêtés dans ce pays d'Afrique de l'Ouest avant d'être extradés vers le Cameroun pour y être jugés.
Une décision de justice américaine du 9 mai 2022 a confirmé les liens entre les extrémistes séparatistes camerounais et le Nigeria. En effet, ce jour-là, trois américains d'origine camerounaise ont été condamnés à « 63 mois de prison fédérale suivis de deux ans de liberté surveillée » pour avoir aidé des séparatistes camerounais. La décision du juge américain Richard D. Bennett précise qu'ils avaient été reconnus coupables de complot, transport d’armes à feu avec numéro de série effacé, et contrebande d’armes à feu et de munitions des États-Unis vers le Nigeria ». Mais pour l'avocat américain d'origine camerounaise Emmanuel Nsahlai, l'homme à l'origine de l'affaire, il ne fait aucun doute que ces militants séparatistes tentaient d'envoyer des armes aux milices séparatistes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. En fait, une grande partie du commerce et d'autres interactions entre le Cameroun et le Nigéria sont informelles, en raison de la frontière longue et poreuse et des interactions entre les résidents des frontières. De nombreuses transactions échappent ainsi aux différents régimes réglementaires mis en place par les autorités pour contrôler les flux entre les deux pays. Par ailleurs, en dehors des transactions effectuées par les voies formelles, y a-t-il lieu de s'interroger sur l'efficacité réelle des mesures de vigilance accrue contre les transactions financières avec le Cameroun que vient de mandater la Banque centrale du Nigeria aux banques commerciales et aux institutions financières des pays voisins.
Floyd Miles
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