Le gouvernement camerounais envisage de remodeler le paysage de la sécurité sociale en créant une Caisse nationale des personnels de l'État (Cnpe), motivé par la nécessité de réformer la gestion des pensions des fonctionnaires. Le Premier ministre Joseph Dion Ngute en a parlé pour la première fois le 30 novembre 2023. En plus du discours politique, la réalisation de cette Caisse qui ressemble à une Cnps (Caisse nationale de prévoyance sociale)  bis au Cameroun dépend de la réalisation d'une étude actuarielle. C'est une analyse approfondie des paramètres essentiels du projet.   (Analyse démographique, évaluation des risques, étude des avantages, évaluation financière, réglementation et cadre juridique, consultation des parties prenantes, etc.)

Selon les spécialistes, la première étape devrait être une « analyse démographique ». L'étude devrait cartographier précisément la population des fonctionnaires de l'État, anticiper les changements démographiques et prendre en compte leurs répartitions par âge, sexe et situation familiale. Ces données fourniront une base solide pour la création d'un système qui répondra à la diversité de la fonction publique. On apprend qu'il sera par la suite nécessaire de mener une "évaluation des risques". Selon une source intéressée par le projet, « Cette analyse approfondie qui devrait tourner autour des risques liés à la santé, à la mortalité, à la morbidité, et aux incapacités sera essentielle. Cela nécessite une compréhension fine des tendances médicales et des coûts associés aux soins de santé, garantissant une prise en charge adéquate des futurs bénéficiaires ».

Une "étude des avantages" est l'autre préalable à prendre en compte. Pour intégrer harmonieusement ces avantages sociaux dans la nouvelle structure, elle doit examiner le régime de retraite et les assurances maladie existants, préservant ainsi les droits acquis des employés. Suite à cela, l'on a l'évaluation financière du projet. Les analystes insistent sur le fait qu'une estimation minutieuse des coûts initiaux, une modélisation des flux de trésorerie anticipés et une analyse des effets financiers à long terme sur le budget de l'État sont nécessaires. Il s'agit même « d’éléments cruciaux pour assurer la viabilité du projet », affirme-t-on.

 Les problèmes de réglementation et de cadre juridique représentent l'avant-dernière étape. Par conséquent, un cadre solide qui répond aux normes et aux attentes sera nécessaire en combinant l'analyse des exigences légales et réglementaires avec l'identification des contraintes juridiques. Enfin, nos sources soutiennent que le gouvernement devrait mener des « consultations avec les parties prenantes ». En effet, disent-elles, la mise en œuvre de la Cnpe nécessite la participation des employés, des syndicats et d'autres parties prenantes. La conception de la Caisse devrait être influencée par les commentaires recueillis afin d'assurer une adhésion et une acceptation optimales.

Interrogés sur les avantages potentiels de la Cnpe, les experts soulignent qu'elle aura la capacité de fructifier les pensions des fonctionnaires comme le fait la Cnps, qui dispose de réserves en termes de centaines de milliards.

 Par ailleurs, la  Cnpe pourrait éventuellement devenir un acteur majeur dans le financement de l'économie nationale, tout comme le Public Investment Corporation (PIC), un fonds de pension qui gère les retraites des fonctionnaires sud-africains. Le PIC possède des participations dans les plus grands groupes du pays de Nelson Mandela, tels que MTN Telecom ou Tiger Brands, la société mère de Chococam. PIC gère les fonds de pension les plus importants de l'Afrique et effectue des investissements dans toutes les directions sur le continent. Il a investi 100 millions de dollars en 2022 dans Africa Finance Corporation (AFC), l'un des principaux fournisseurs de financement de l'infrastructure.