Loi anti-déforestation: la mise en application prorogée
Dernière mise à jours il y'a 1 moisLes pays et les entreprises disposent d’une année supplémentaire minimum pour se préparer à l'entrée en vigueur du Règlement Déforestation de l’UE n° 2023/1115 (RDUE ou EUDR en anglais) qui vise à lutter contre le changement climatique et la perte de biodiversité. Il concerne les secteurs comme le cacao, café, soja, bovins, palmier à huile, caoutchouc, bois et leurs produits dérivés.
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Initialement prévue pour décembre 2024, la nouvelle date d'application est désormais fixée au 30 décembre 2025, avec une extension jusqu'au 30 juin 2026 pour les petites entreprises. « La Commission reconnaît que trois mois avant la date de mise en œuvre prévue, plusieurs partenaires mondiaux ont exprimé à plusieurs reprises des inquiétudes quant à leur état de préparation au cours de la semaine de l'Assemblée générale des Nations Unies. En outre, il y a un écart dans la préparation au niveau des parties prenantes en Europe. Alors que certains espèrent être dans les temps grâce à leurs préparatifs intenses, d'autres ont exprimé des préoccupations », relève la Commission européenne dans un communiqué publié sur son site web.
En effet, dans leur déclaration signée à Abidjan vers la fin septembre 2024, les pays producteurs de cacao avaient demandé à l'UE une période supplémentaire de deux ans pour se conformer au RDUE, jugeant le timing de la mise en œuvre « irréaliste au regard des exigences du règlement, allant de la géolocalisation des parcelles à l'établissement d'un système de traçabilité exhaustif ». Ce report représente donc une petite victoire pour ces pays, notamment le Cameroun, quatrième producteur mondial de cacao selon l'Organisation internationale du cacao (ICCO, sigle en anglais). Pour le Cameroun, ce rapport constitue donc une opportunité précieuse alors que le pays fait face à un triple défi. D'abord, il doit établir un système de traçabilité rigoureux pour ses produits agricoles, en particulier le cacao, afin d'assurer une transparence depuis l'origine jusqu'à l'exportation. Ensuite, il est crucial d'intensifier les efforts pour produire du cacao de manière durable, sans nuire aux forêts. Enfin, le respect des critères de légalité imposée est essentiel pour maintenir l'accès au marché européen, où l'UE demeure le plus grand importateur de cacao, représentant 60 % des importations mondiales, principalement en provenance de la Côte d'Ivoire, du Ghana et du Cameroun.
Le cacao est « l'un des moteurs de la déforestation au Cameroun », selon l'UE. Pour que le cacao camerounais puisse accéder au marché européen, il devra répondre à des exigences strictes de traçabilité, être certifié « zéro déforestation » et conforme aux lois camerounaises en matière de droits d'usage des terres, d'environnement, de droits de l'Homme et de commerce. Cela signifie que les producteurs cultivant sur des terres récemment déboisées ne pourront plus vendre leurs récoltes aux principaux acheteurs à l'échelle nationale et internationale. Pour répondre aux exigences de traçabilité par exemple, le Cameroun a récemment lancé une plateforme de mutualisation, supervisée par le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC). Cette initiative vise à centraliser les données de géolocalisation des parcelles cacaoyères et caféières, offrant ainsi une cartographie précise qui permettra aux exportateurs de garantir la durabilité de leurs produits. Grâce à cette plateforme, le pays espère se conformer aux normes européennes tout en préservant sa position sur le marché européen.
Floyd Miles
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