En avril 2023, le prix de l'huile de palme, principale matière première utilisée dans la production d'huiles végétales raffinées et de savons sur le marché international, était de 932 dollars la tonne (environ 567 000 FCFA) contre 1614 dollars, soit un peu plus de 981 000 FCFA il y a un an. Une baisse du prix de près de de 40% qui n'a pourtant aucun effet sur le prix du litre d’huile végétale raffinée qui a flambé de +50% au Cameroun passant ainsi de 1 000 FCFA à 1500 FCFA.

Cette baisse ne se ressent également pas sur le prix du savon de Marseille qui depuis, a augmenté d'environ 20 à 30 %, selon la marque et le volume. Bien plus, cette réalité s'applique également aux aliments à base de céréales, et particulièrement de blé, comme le pain et les pâtes alimentaires. En effet, malgré la guerre en cours entre la Russie et l'Ukraine, respectivement troisième et huitième producteurs mondiaux, les prix du blé ont chuté d'environ 25 € la tonne dans le monde depuis début 2023. Pourtant, le sac de farine de blé de 50 kilogrammes qui coûtait 17 000 Fcfa jusqu'en mars 2021, coûte depuis 2022, 24 000 FCFA à Yaoundé et à Douala. Dans les petites villes et dans l’arrière-pays en général, il coûte même plus cher. Tout ceci est juste dommage, quand on sait que la population peine d'abord à s'en sortir.

Aussi, le prix d'une baguette de 200 grammes était jusqu'alors de 125FCFA, mais depuis mars 2022, il est maintenu à 150FCFA ; même si les pressions du ministre du Commerce ces derniers jours ont réduit les ventes de contrefaçons dans certaines grandes boulangeries. En effet, Luc Magloire Mbarga Atangana mène actuellement une campagne de réduction des prix au niveau des entreprises et des détaillants, mais celle-ci tarde à se concrétiser. Cependant, certains signes indiquent que les prix des produits de base reviennent à la normale. Le rapport Cyclope 2023, un ouvrage de référence examinant les principales tendances du marché, a été publié il y a environ 72 heures et a conclu que le marché des matières premières a repris son souffle, même si les perspectives pour 2024 sont sombres pour certaines.

En ce qui concerne le pouvoir d'achat, le document indique que la bonne récolte a apaisé les tensions sur les marchés agricoles et que les perspectives pour la saison à venir sont encore meilleures. Dans le secteur de l'énergie, les prix du pétrole brut oscillent autour de 75 $ le baril. Le gaz, en revanche, est tombé à 30 € par MW/h après avoir atteint 300 € en septembre 2022. Dans le secteur des métaux, poursuit le rapport, « on assiste globalement à une détente des prix, tout comme dans le secteur du fret maritime où l’on retrouve des coûts quasi identiques à ceux d’avant-crise ». Rappelons que, les prix du fret maritime et aérien avaient connu un bond à partir de 2021, jusqu’à atteindre +400% avec la survenue de la guerre en Ukraine dès février 2022.

Par conséquent, le coût de la vie est encore inhabituellement élevé malgré la baisse des prix des matières premières, en particulier dans le secteur alimentaire. Ainsi, les entreprises et la grande distribution qui n'ont guère fait de concessions en pleine crise devraient continuer à faire des superprofits au détriment des ménages dont le pouvoir d'achat s'effondre depuis 2021.