Depuis plusieurs jours au Cameroun, les équipes de Nachtigal Hydro Power Company (NHPC) mènent des essais techniques en vue de la mise en service du troisième groupe de l'aménagement hydroélectrique de Nachtigal, un projet d'une ampleur de 420 MW dont les travaux sont en cours. La turbine qui sera mise en service d'ici la fin du mois de septembre, comme les deux premières, a une puissance de 60 mégawatts. Avec cette étape, la puissance de l'ouvrage augmentera donc à 180 MW, mais des préoccupations demeurent quant à ce qui va réellement changer avec l'arrivée de ces nouvelles capacités.

Après la mise en service du premier groupe, en juin, et du second, le 10 août, le Réseau interconnecté Sud (RIS) n'a pas connu de modification significative en ce qui concerne l'amélioration de la qualité du service de l'électricité. Quelle est la raison? Les réseaux de transport et de distribution sont en mauvais état. La Société nationale de transport de l'électricité (Sonatrel) et Eneo Cameroun SA, respectivement, ont des problèmes majeurs dans le secteur énergétique et nécessitent des investissements importants pour les améliorer.

En effet, malgré l'existence d'une ligne d'évacuation de l'énergie (225 KWA) de Nachtigal vers Yaoundé, en particulier vers les transformateurs de Nyom 2, Ngousso et Edea, la nouvelle ligne d'évacuation vers la zone de grande consommation à Douala n'a pas encore été construite. Il en résulte que l'influence des nouvelles capacités sur la disponibilité énergétique demeure très limitée. Au cours des derniers jours, on observe même une augmentation des délestages, non seulement à Yaoundé, mais dans toutes les localités des 6 régions couvertes par le RIS.

Selon les difficultés rencontrées par Eneo Cameroun SA et la Sonatrel pour trouver des financements et le retard pris par la deuxième société dans la construction des nouvelles lignes de transport, il semble que la normalisation ne soit pas une option pour demain. Cependant, en respectant le calendrier établi par le ministre de l'Eau et de l'Énergie, ce seul ouvrage injectera chaque mois 60 nouveaux MW d'électricité dans le réseau, jusqu'à atteindre son maximum (420 MW) d'ici la fin de l'année. La maison-mère d'Eneo, le fonds d'investissement britannique Actis, est en discussion avec le gouvernement pour lui céder sa filiale. En raison du sous-investissement d'Eneo dans le domaine de la distribution, en contradiction avec ses engagements contractuels, les autorités camerounaises ont décidé de procéder à un inventaire physique des actifs de distribution du concessionnaire dans les régions du Centre et du Littoral. Le calcul de la valeur nette comptable et afférente sera effectué en utilisant cet audit.

Il donnera notamment des détails sur les principales caractéristiques techniques de chaque installation de distribution, son état général et sa valeur comptable estimée. De plus, le gouvernement doit examiner le cahier des charges d'Eneo, qui définit les obligations de délégation de service public auxquelles il doit répondre en vertu du contrat de concession du secteur public de l'électricité signé en 2001 entre l'État et l'entreprise américaine AES, ainsi que des trois avenants signés avec son successeur, le fonds d'investissement britannique Actis.