Le 19 septembre dernier, le barrage de Nachtigal a mis en service son troisième groupe d'une puissance de 60 MW, ce qui lui permet désormais d'injecter 180 MW dans le réseau électrique. Si ce volume supplémentaire devrait normalement diminuer les interruptions d'énergie électrique, il est possible que la situation reste statique en raison de l'instabilité de la production chez d'autres producteurs. En effet, Gaston Eloundou Essomba, ministre de l'Eau et de l'Énergie (Minee), a admis que la centrale à gaz de Kribi, d’une capacité de 216 MW (pour une capacité installée de 1 229 MW au premier semestre 2024), est de nouveau en arrêt après un premier arrêt en novembre 2023. Puisque la centrale fournit 20% de l'électricité nationale avec le fioul lourd de Dibamba (88 MW), son instabilité risque d'avoir un impact sur le fonctionnement des foyers.

« Il y a beaucoup de contingences : la contrainte était d’abord au niveau de la production. Par exemple, la centrale à gaz de Kribi est en arrêt à cause des différends qu’il y a entre Eneo et l’entreprise de production (Globeleq, Ndlr) du fait des retards dans le paiement des factures d’énergie. Le secteur est délesté d’au moins 20% de ses capacités de production. Ceci pourrait être à l’origine d’un certain nombre de désagréments », a expliqué le membre du gouvernement lors du lancement du troisième groupe de Nachtigal.

Selon un spécialiste du domaine de l'électricité, le problème du déséquilibre financier du secteur de l'électricité demeure difficile, marqué par les dettes croisées entre les différents acteurs. Toutefois, il ya une note d'optimisme selon laquelle « le problème est en traitement sous la coordination du gouvernement ». Le montant de la dette de l'électricien Eneo envers le producteur indépendant d'électricité Globeleq est encore inconnu. Cependant, selon les derniers chiffres, Globeleq réclamerait une créance de 100 milliards de Fcfa, ce qui avait d'ailleurs entraîné l'arrêt de la centrale de Kribi construite par Kribi Power Development Corporation (Kpdc).

Il en est de même pour la centrale hydroélectrique de Mekin. D'une puissance de 15 MW, cette infrastructure est également en phase de turbulence. Les populations du Dja et Lobo (région du Sud) ainsi qu'une partie de la région du Centre seront touchées par cette situation. « On a un système de pompes à la Centrale de Mekin qui évalue les eaux. Les pompes ont été défaillantes et ont causé quelques soucis au niveau du barrage au point où on était obligé d’arrêter pour d’abord évacuer les eaux qui entrent dans les machines », a indiqué une source interne. Et d'ajouter que le ministère de l’Eau et de l’Energie et le top management sont à pied d’œuvre pour régler la situation. Il est important de souligner que l'installation mise en service par Hydo Mekin en 2015, a été interrompue en 2020 en raison d'une panne sur la "bobine du point neutre". Elle n'a repris ses activités qu'en juin 2022 en injectant 11 MW par jour dans le réseau interconnecté sud (RIS).

Par ailleurs, le ministre de l'Eau et de l'Energie avait initialement prévu la livraison du 7e et dernier groupe de Nachtigal (pour atteindre 420 MW) « au plus tard en décembre 2024 ». Date désormais reportée à fin janvier 2025. Toutefois, il sera nécessaire que les acteurs du secteur de l'électricité assurent la disponibilité des infrastructures de transport afin d'éviter que l'État ne dépense de manière inutile. Quelle est la raison? L'État du Cameroun et Nhpc ont conclu des accords qui prévoient que ce dernier recevra 10 milliards de Fcfa par mois dès la réalisation du projet, que l'énergie produite soit utilisée, évacuée ou non.