Geocoton, une entreprise cotonniere française appartenant au groupe Advens, a estimé le prix de certains de ses intérêts africains, y compris le Cameroun. Selon Africa Business +, la direction du groupe a estimé ses actifs dans la Société de développement du coton (Sodecoton) à 50 millions d'euros, soit environ 32,7 milliards de Fcfa. Une étape supplémentaire dans la vente de ses actions dans la société (30%) a été lancée à la fin de l'année précédente.

Au Cameroun, Geocoton souhaite quitter la Sodecoton après avoir essayé de prendre le contrôle six ans auparavant. En 2019, le dirigeant d'Advens-Géocoton, Abbas Jaber, avait entrepris une stratégie agressive afin de devenir l'actionnaire principal du principal opérateur agro-industriel du Nord du Cameroun. Pour y arriver,  la société française a présenté un plan d'investissement de 60 milliards de Fcfa pour améliorer la modernisation des huit usines d'égrenage de coton et des deux huileries que la Sodécoton avait autrefois, dans le but de porter la capacité de production de coton graine à 200 000 tonnes d'ici 2025-2026. Selon Bebnone Payounni, vice-président de la Confédération nationale des producteurs de coton (Cnpc), l'offre d'Abbas Jaber, qui a été faite pendant que la société était confrontée aux conséquences de la pandémie du Corona virus, avec une baisse de ses revenus de 148 milliards de Fcfa (-5,7%) en 2020, a suscité une hostilité intense de la part des élites locales et des producteurs.  Il avait néanmoins suggéré une autre option pour la direction d'Abbas Jaber : une cogestion où 25% du capital serait réservé aux producteurs et l'assurance d'une représentativité accrue de ces derniers à l'Assemblée générale de l'agroentreprise.

Cette fois-ci, Geocoton choisit de partir alors que la situation de l'entreprise se montre nettement améliorée. En effet, en 2022, la Sodécoton a connu une amélioration de ses résultats avec un chiffre d'affaires de 186 milliards de Fcfa, après avoir subi trois pertes consécutives en raison de problèmes logistiques et d'un outil industriel en déclin. En réalité, cette entreprise agro-industrielle est en train de mettre en place un plan de croissance de son outil de production, incluant la construction de nouveaux magasins de stockage, la 11e usine d'égrenage du coton et une nouvelle usine d'huilerie. Les investissements sont effectués dans le but d'atteindre une production de 400 000 tonnes d'ici 2025 (par rapport à 329 021 tonnes en 2021-2022). En ce moment, la Sodécoton exerce ses activités à travers dix unités d'égrenage et deux huileries qui fabriquent les marques Diamaor et Soyor, respectivement. La Cameroon Hotels Company (CHC), qui gère Hilton Hôtel de Yaoundé, est également l'une des entreprises d'État que le Cameroun envisage d'introduire en bourse, aux côtés des Aéroports Du Cameroun (ADC). La Société de développement de coton est considérée comme un actif essentiel pour l'État, étant actionnaire majoritaire (59%) et potentiellement repreneur des parts de la compagnie française.

Le groupe Advens a aussi établi les sommes qu'il souhaite obtenir grâce à la vente de ses actifs au Burkina Faso et en France. Deux actifs sont en jeu pour le pays du Sahel, à savoir la Société Cotonnière du Gourma (Socoma, où l'entreprise possède 75% des parts) et l'huilerie SN-Citec. Geocoton envisage de céder ses parts dans la Socoma pour un montant de 25 millions d'euros (19,3 milliards de Fcfa). La direction de la SN Citec a établi un objectif de vente de 40 millions d'euros (26 milliards de Fcfa). En France, Advens envisage de mettre en vente son siège à Paris ; celui-ci a été estimé à 70 millions d'euros, soit près de 46 milliards de Fcfa. Le groupe prévoit donc de récupérer de ces opérations un total de 185 millions  d’euros,  soit près de 121 milliards de Fcfa.