Dans la Région du Sud-Ouest, Ntou’ou Ndong Chamberlin, Préfet du département de la Meme a interdit la circulation, sans escorte des forces de défense, des véhicules transportant les fèves de cacao entre Kumba et Mamfé. Cette décision qui fait polémique ne s'est pourtant pas prise ex-nihilo. En effet, cette mesure apprend-on, serait due aux attaques répétées des séparatistes contre les véhicules transportant du cacao sur la route nationale n°8 entre Kumba et Mamfé.

L’autorité administrative, dans une interview accordée aux confrères du quotidien de l’économie,  souligne que, la mesure vise à lutter contre le financement des Ambazoniens. Il a révélé que le cacao est leur principale source de financement en ceci que les opérateurs de la filière cacao « payent jusqu’à 500 000 FCFA aux ambazoniens pour le pass ». Et d'ajouter que la décision de fournir une escorte de forces de défense aux véhicules transportant les fèves de cacao va « stopper une source importante de financement des activités terroristes ».

La décision controversée touche particulièrement les chauffeurs de camions et la plupart des négociants (environ 80) qui affirment que la décision du gouverneur rendra difficile la confrontation avec les combattants séparatistes.  « Conduire en compagnie d’une escorte de sécurité nous vaudra d’être étiquetés comme jambes noires et on pourra être plus tard la cible des ambazoniens », a déclaré au quotidien l'Economie, un conducteur de camion qui a souhaité garder l’anonymat.

Par ailleurs, Le cacao est périssable et les négociants soulignent que les retards susceptibles de se produire pendant l’attente des escortes de sécurité et toute autre tracasserie liée à cette mesure pourraient affecter la qualité du produit. Si cette mesure du gouverneur n'est pas abrogée, le commerce du cacao dans la région du sud-ouest se verra déstabilisé. Si l'on peut comprendre les acteurs de cette filière, la mesure du Préfet, quand on sait ce qui le motive demeure louable. Le manque de financement pourrait en effet être un obstacle au déploiement des séparatistes qui n'ont de cesse de semer le trouble au Cameroun depuis sept années.