Les autorités annoncent l'intensification de la campagne d'enrôlement des fonctionnaires et agents de l'État dans 14 préfectures au moins de la République centrafricaine dans le but de généraliser le paiement électronique des salaires par Mobile Money. La première étape de ce projet, qui a été soutenue par des entreprises de téléphonie mobile telles que Telecel et Orange, a permis de recruter 94 % des employés dont les salaires sont basés à Ecobank Centrafrique et la Banque populaire maroco-centrafricaine (BPMC). La dernière banque établie en RCA, la Banque sahélo-saharienne pour l'investissement et le commerce (BSIC), est également financée à la suite de l'opération.

L'objectif n'est pas forcément de faire migrer les près de 19 000 fonctionnaires et agents de l'État centrafricains vers ce mode de paiement, mais cette innovation vient fournir au gouvernement une alternative de paiement sécurisée et facilement accessible aux bénéficiaires, en plus des transferts bancaires et des versements directs en cash. Le projet Patapaye, selon le gouvernement, contribue à la restauration de l'autorité de l'État et à la mise à disposition des services publics aux citoyens sur tout le territoire national. Il offre une solution à la faible bancarisation du pays, alors que la Banque des Etats de l'Afrique centrale (Beac) est flexible en considérant les comptes Mobile Money comme des comptes bancaires distincts. L'institut d'émission commun aux 6 pays de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) explique dans son rapport sur les services de paiements en au sein de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac) en 2022, publié fin 2023, comment l'invasion de la monnaie électronique a augmenté le taux de bancarisation réelle, qui se situait à plus de 60 % à la date sous revue.

Le gouvernement avait déclaré au moment du lancement du projet Patapaye en mars 2020 que la solution du Mobile Money faisait partie d'une stratégie visant "à couper court aux fraudes, à la corruption, aux détournements dans les régions qui subissent la loi des groupes armés". Il était donc question que les fonctionnaires des zones reculées ou touchées par l'insécurité puissent facilement accéder à leur salaire, tout en permettant aux entreprises de faire leurs déclarations d'impôts et autres paiements en ligne.