Projets routiers : l’inertie !
Dernière mise à jours il y'a 12 moisAu Cameroun, le déploiement des infrastructures routières attribuées à des entreprises étrangères ou locales avance à reculons. Pour le ministre des Travaux publics (Mintp) Emmanuel Nganou Djoumessi, certaines d'entre elles commettent des fraudes. Ce phénomène se veut davantage une entrave au développement du réseau routier national bitumé évalué seulement à 8,11%.
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La longueur du réseau routier actuel du Cameroun est de 121 872,98 km pour seulement 9 885,18 km (8,11%) bitumés contre 111 987,8 km du linéaire encore en terre (91,89%). Même si cette mauvaise performance peut être due à des problèmes de trésorerie (tels que des difficultés à obtenir des financements ou à payer des factures), certains projets attribués à des prestataires se caractérisent par des retards, la lenteur, et même des abandons. Des questions se posent donc de toutes parts. Parmi elles : cette crise peut-elle être due à la faiblesse du gouvernement dans la conclusion des contrats avec les entreprises ?
Le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, a été interrogé à cet effet par nos confrères de la télévision nationale le 24 octobre dernier. Ainsi, au problème posé de l'inertie des projets routiers au Cameroun, le membre du gouvernement a indexé les entreprises responsables de ces projets. « Quand on parle du processus de contractualisation…je dois reconnaître que certaines de ces entreprises qui sont choisies tranchent net leur capacité de mobilisation. Leur efficacité ne rencontre pas toujours les déclarations qui ont été faites dans les dossiers de soumission…je dois reconnaître que certains soumissionnaires ont le sens de la tricherie. Ils sont des techniques de passage avec la tricherie mais ça se découvre toujours. Et la plus grande difficulté c’est quand il y a coupure entre la déclaration faite lors de la soumission et la réalité du terrain », a-t-il déclaré.
Cependant, la tricherie évoquée ici remet tout de même en question la responsabilité des équipes chargées de suivre le processus d'appel d’offres ; lesquelles devraient pourtant vérifier toute information, a avoué le membre du gouvernement. C’est dire que les responsabilités sont partagées. Rappelons toutefois qu’il y a plus de cinq ans, le pays a lancé un projet de dématérialisation des procédures de passation des marchés publics baptisé « Cameroon On-Line E-procurement System » (Coleps). Cet outil avait pour but de réduire les contacts humains, qui facilitent souvent la corruption. D’autres mesures de ce genre ont été mises sur pied. Seulement, malgré les sanctions souvent imposées à ces entreprises (amendes, résiliation du contrat, etc.), le Cameroun n’a pas fini de déplorer l’inertie sur des projets routiers. A quel niveau est-ce que la supercherie dont fait allusion le Mintp intervient finalement ? l’on n’en sait pas plus. La priorité selon le ministre « C’est d’amener l’entreprise à mieux s’organiser, à avoir des équipements et tirer avantage des équipements du maître d’ouvrage ». La liste des entreprises recrutées puis remerciées pour une raison ou pour une autre, reste tout de même longue et peut nous renseigner.
Le registre des chantiers problématiques montre qu'en novembre 2021, après appel d'offres, le Mintp s'est vu confier le contrat de construction de la route Bogo-Pouss (63,16 km) dans l'Extrême-Nord à la société nigériane Gitto Costruzioni Generali Nigeria qui présentait une offre de 37,67 milliards de Fcfa contre 50 milliards de Fcfa pour le tunisien Soroubat. Par la suite, l’entreprise nigériane a été soupçonnée d’avoir soudoyé pour se faire attribuer le marché en question. Les enquêtes initiées par les équipes de la BAD vont confirmer ces soupçons et le processus d’appel d’offres déclaré infructueux et annulé en juillet 2022.
Dans la même veine, la construction de la route Bonepoupa-Douala (33 km) a été retirée à l’entreprise tchadienne Encobat pour un taux d’exécution de 41% après une consommation des délais de 102% malgré les prolongations. Il y a quelques jours, le Mintp qui avait confié la construction de la route Ndjolé-Mankim (36,7 km) à China Railway au détriment de Sinohydro en 2021, a fait volte-face après résiliation du contrat avec la première qui a réalisé le projet à hauteur de 23,8% en deux ans. Sur la route Foumban-Koupa-Matapit (54 km) à l’Ouest, le tunisien Soroubat enregistrait à fin mai dernier, un taux d’exécution de 31% après quasiment 4 ans. Sur le chantier Awae-Esse-Soa (82 km) le lot Awae-Esse (33km) attribué à Super Confort Sarl a à peine, franchi les 50% cinq ans après le lancement. Les porteurs de projets évoquent à chaque fois les mêmes goulots d'étranglement : mauvaise organisation de l'entreprise, manque de personnel clé, de visibilité et de transparence sur l'achèvement des travaux et la qualité des équipements.
En clair, Tous ces scénarios démontrent amplement que la vérification et la validation des documents d'appel d'offres se limitent sur le papier ou sur la machine, sans inspection physique préalable de l’équipement. Comme précédemment mentionné, les torts sont partagés entre les entreprises et les pouvoirs publics.
Floyd Miles
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