Au cours du mois de mai 2024, les prix à la consommation finale des ménages ont à nouveau progressé de 4,5%, par rapport la même période en 2023. Selon le rapport sur l’évolution des prix que vient de publier l’Institut national de la statistique (INS), cette augmentation est beaucoup plus importante en moyenne sur les 12 derniers mois, puisqu’elle a atteint 6,1% à fin mai 2024.Selon le responsable de la statistique gouvernementale, cette augmentation de 0,3% en glissement mensuel est principalement due à la « progression de 8,2% des prix des produits alimentaires et de 15,4% des coûts de transport ». La revalorisation des prix du transport pourrait être attribuée à la modification des prix du super et du gasoil qui a eu lieu le 3 février dernier.

Selon les observations, le prix de la vie augmente dans cinq villes principales où le taux d'inflation dépasse le seuil autorisé dans la communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (3%). La ville de Ngaoundéré (région de l'Adamaoua) est considérée comme la ville la plus onéreuse du Cameroun depuis janvier. La vedette a été volée à Bertoua (région de l'Est) qui a connu une hausse de l'inflation pendant les mois d'octobre et novembre 2023.

Ainsi, après avoir enregistré un taux d'inflation de 8,4 % en janvier 2024 et de 8 % en avril, la capitale régionale de l'Adamaoua conserve sa position de leader avec un taux d'inflation de 7,7 % en mai, malgré une amélioration de -0,3 % en glissement mensuel. La deuxième place est occupée par Maroua (Extrême-Nord) qui obtient 7,6%. Les taux d'inflation à Douala, Ebolowa et Bertoua sont respectivement de 6,6 %, 6,3 % et 6 %. Yaoundé (5,6%), Bafoussam (5,6%), Buea (5,6%) et Bertoua (5,4%) sont les villes qui les entourent.

Même si Bamenda est confrontée à une crise sécuritaire depuis presque 8 ans, elle se démarque en tant que ville la moins chère depuis le 4ème trimestre 2023. En mai 2024, son taux d'inflation atteint 4,4%, contre 4,4% le mois précédent. Il convient de souligner que même si le gouvernement affiche un optimisme en prévoyant un taux d'inflation de 4% à la fin de décembre 2024, le statisticien camerounais a signalé il y a quelques mois qu' « il est prévisible qu’à la suite de la révision à la hausse des prix du carburant le 03 février 2024 et la répercussion directe ou indirecte sur les autres prix, notamment ceux du transport, des produits vivriers et des produits manufacturiers, le taux d’inflation se situe aux alentours de 7% en fin 2024 ».

L'optimisme de la Banque des États de l'Afrique dentrale (Beac) concerne également l'évolution des prix à la consommation dans les six économies de la zone communautaire (Cameroun, Gabon, Tchad, Guinée équatoriale, Congo et RCA). Le Comité de politique monétaire (CPM), réuni le 24 juin 2024 au siège de l'institution bancaire sous-régionale à Yaoundé (Cameroun), a anticipé une inflation de 3,9 % pour cette année, en diminution de 1,7 % par rapport à 2023.

D'après les informations consultées par EcoMatin, si le Cameroun, qui est le leader de la Cemac, présente un taux d'inflation supérieur au double du seuil communautaire, cela ne s'applique pas à la Guinée équatoriale, où le Fonds monétaire international (FMI) annonce une récession de -4,3% pour cette année. Selon l'Inege, le taux d'inflation a connu une augmentation de 2,2% en mai 2024 par rapport à 4,7% à la même période en 2023, et a connu une baisse de 0,2% en glissement mensuel. Selon le rapport cité précédemment, aucune ville équatoguinéenne n'a dépassé le seuil de 3% en mai : Malabo (+3%), Evinayong (+2,6%), Bata (+1,9%), Ebibeyin (+1,2%) et Mongomo (+0,5%). Selon les prévisions de la Banque africaine de développement (BAD) pour l'année 2024, le Cameroun enregistrerait le taux d'inflation le plus élevé (6,3%), suivi de la Guinée équatoriale (4,7%), de la République centrafricaine (4,1%), du Tchad (3,4%), du Congo (3,4%), puis du Gabon avec 2,5%, pour lequel le FMI prévoit 2,1 %.