La mise en service complète du barrage de Nachtigal, synonyme de la disponibilité de la totalité des 420 MW d’électricité attendus de cette infrastructure énergétique, n’aura plus lieu au mois de septembre 2024. Contrairement à l'annonce faite par Gaston Eloundou Essomba, ministre de l'Eau et de l'Énergie, lors de la mise en service de cet édifice le 18 juillet 2023.

Selon Nachtigal Hydro Power Company (NHPC), l'entreprise en charge de ce projet, la mise en service de ce barrage, qui permettra d'augmenter de 30% les capacités de production d'électricité du Cameroun, est désormais projetée pour le mois de décembre 2024.  On découvre que cela est dû au retard d'au moins trois mois dans l'insertion des premiers mégawatts de cette centrale hydroélectrique dans le réseau électrique, grâce à la mise en service du premier groupe d'une capacité de 60 MW.

Effectivement, alors que le premier des sept groupes était initialement prévu pour décembre 2023, puis reporté à février 2024, il n'est maintenant annoncé que dans les « prochaines semaines ». Le 14 mars 2024, NHPC a reçu le « certificat d'énergisation » de la Société nationale de transport de l'électricité (Sonatrel), ce qui ouvre la voie à l'incorporation des premiers mégawatts du barrage de Nachtigal dans le réseau électrique national. « Avec le shift de la mise en service du premier groupe, les mises en service des autres groupes ont été également shiftées », souffle une source autorisée.

Si le Cameroun respecte la nouvelle date limite de décembre 2024, la mise en service complète du barrage de Nachtigal lui permettra de traverser tranquillement l'étiage 2025, qui s'étend habituellement sur les trois premiers mois de l'année. Si cela ne se produit pas, le pays devra de nouveau subir les délestages, comme cela s'est produit au début de cette année. En raison de la diminution du déficit de production d'électricité dans le pays, ces limitations de l'énergie électrique, qui sont néfastes tant pour les ménages que pour les entreprises, sont généralement imposées à cette période en raison de la baisse du niveau des eaux dans les barrages hydroélectriques. Il est possible de mentionner le cas de Memve'élé (211 MW), dont la production peut parfois atteindre zéro mégawatt à certains moments de la journée, pendant les périodes d'étiage.

Pour remédier à cette situation et permettre une régulation des débits d'eau dans le barrage de Memve'élé, l'État du Cameroun envisage de construire un barrage de retenue sur le fleuve Ntem, qui accueille cette infrastructure. Cependant, en attendant la concrétisation de cet autre projet, les consommateurs de l'électricité au Cameroun comptent sur Nachtigal pour obtenir des étiages moins douloureux. Grâce à ses capacités mises en place, cette construction, dont l'investissement s'élève à environ 800 milliards de FCFA, deviendra la plus importante centrale de production d'électricité au Cameroun.

De manière optimale, le barrage de Nachtigal devrait donner au Cameroun la possibilité de devenir le leader en matière d'exportation d'énergie électrique en Afrique centrale. Ceci à la  faveur du Projet d'interconnexion des réseaux électriques du Cameroun au Tchad (Pirect), qui permettra au Cameroun de fournir 100 MW d'électricité à cet autre pays d'Afrique centrale d'ici 2027.