Le 31 juillet 2024, Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux publics, a organisé une concertation à Yaoundé avec des entreprises, bureaux d’études techniques et cabinets du secteur des bâtiments et travaux publics (BTP). Cette rencontre visait à aborder les défis rencontrés dans la réalisation des projets, tels que la construction et la réhabilitation des routes et des ponts. En effet, dans le triangle national, peu sont les entreprises camerounaises qui parviennent à concurrencer les entreprises étrangères dans le secteur des BTP. 

Pour preuve, 27 marchés publics attribués à des entreprises locales de BTP ont été résiliés entre 2019 et 2024, à en croire le Ministère des Travaux Publics (Mintp). Abandon des chantiers, livraison tardive, problèmes organisationnels et financiers, taxation douanière, corruption… telles sont les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises locales du secteur. Contraintes auxquelles il faut ajouter : « l’accès des carrières se trouvant loin des chantiers entraînant des coûts supplémentaires pour les entreprises ». Toutes ces difficultés font qu’elles n’arrivent pas à se démarquer, pour le plus grand bonheur des entreprises étrangères qui raflent généralement la mise à chaque appel d’offres portant sur un projet d’envergure. Le cas illustratif est la construction de 09 ponts métalliques attribués à 09 d’entre elles en novembre 2023 mais dont la livraison est toujours attendue malgré les premiers délais expirés en début juillet dernier. Cette faible performance ou du moins, la faible représentativité des entreprises locales dans l’exécution des marchés, contraste donc pour le moment avec la politique de l’import-substitution.

Au vu de cette situation, l'une des options suggérées consiste à réorganiser le secteur afin de permettre aux fournisseurs locaux de prendre des parts du marché au Cameroun et ailleurs. Le gouvernement n'est cependant pas exempt de toute responsabilité quant au rendement des entreprises locales. Selon le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi, il est important de souligner que la structuration et l'organisation de ces entreprises nécessitent des  « ressources humaines et matérielles de qualité et un appui financier adéquat », comme il le souligne dans les colonnes du quotidien à capitaux publics.

Cependant, selon l'étude de la Banque mondiale sur le diagnostic de la vulnérabilité des PME et de leur accessibilité à la commande publique publiée en juin 2024, 53% des chefs d'entreprises estiment que le gouvernement pourrait apporter son soutien en matière de structuration, tandis que 30% se concentrent sur le soutien en matière de financement. Dans cette étude, l'organisme de Bretton Woods offre déjà une vue d'ensemble des limites du secteur :« 32,3% des entreprises sont disqualifiées lors de l’appel d’offres pour capacité technique contre 32,8% pour les capacités financières », lit-on.

 Le non-paiement des décomptes dans les délais est une autre demande qui relève de la compétence de l'État. Cet obstacle qui impacte les entreprises expatriées a également des conséquences sur les entreprises camerounaises qui ne possèdent pas déjà de ressources financières importantes. Toujours dans le but de redonner un nouvel élan à ce domaine d'activité, les autorités publiques sont déjà en train de réfléchir, sous réserve de l'inclusion dans la loi de finances 2025, à l'assouplissement des droits de douane des équipements de construction. De plus, elles perçoivent enfin l'importance de créer une plateforme de consultation avec les entreprises et les institutions financières.