A la frontière Cameroun-Nigéria, la température monte. Les coups de feu retentissants s’annoncent. Une copie d'un message radio des responsables de la police circule sur les réseaux sociaux :  l'armée nigériane se prépare à attaquer le Cameroun dans la péninsule de Bakassi. Dans la première semaine de janvier 2023, des affrontements armés ont éclaté entre les Forces de défense camerounaises et nigérianes, selon ce communiqué du directeur général de l'Observatoire territorial.

La nouvelle montre que le Nigeria est prêt à reprendre la péninsule de Bakassi. Il se prépare une attaque de grande ampleur de militaires nigérians sur le territoire camerounais en février 2023, soit deux semaines avant l'élection présidentielle nigériane prévue le 25 février 2023. Les localités ciblées par cette attaque annoncée sont Kombo Abedimo, Kombo Etindi, Idiabato. Les Nigérians prévoient de restaurer les anciens noms de certains lieux dans la langue nigériane.

Au regard de cette menace, les responsables de la sécurité et de l'administration prennent des mesures pour contrecarrer les opérations de déstabilisation du Nigeria.

Les premiers signes de cette crise imminente sont apparus début janvier lorsque les autorités nigérianes ont renvoyé l'affaire devant la Cour internationale de justice (CIJ). Elles contestent certaines des démarcations frontalières décidées par le tribunal en 2002. Le Nigeria affirme que les coordonnées de la borne 8 au niveau des Monts Rhumsiki dans la région de l’Extrême-Nord ne sont pas exactes. Pour certains analystes, malgré la décision de justice de 2002 et sa mise en œuvre progressive, cette nouvelle saisine de la CIJ annonçait déjà une partie visible de la persistance de la crise. Cette hypothèse semble confirmée par les affrontements qui se sont produits et les attentats programmés.

Tout ceci montre que la décision d'octobre 2002, de mettre fin au conflit qui a débuté en 1992 et fait des morts entre 1994 et 1996, n'a pas plu à tous les Nigérians. Certaines personnes continuent de croire que la péninsule de Bakassi, riche en pétrole et en gaz, devrait appartenir au Nigeria. Cependant, à la suite de la décision de la CIJ, de nombreux jalons ont été fixés malgré certains désaccords qui n'ont pas encore été résolus. L’affaire « Bakassi » est donc de retour !