Accès à Internet : les perturbations entraînent des pertes quotidiennes de plus d'un demi-milliard de Fcfa
Dernière mise à jours il y'a 7 moisLes services bancaires, le commerce en ligne, les transferts et les retraits d'argent, les transports, les services publics numériques... L’altération de la disponibilité d'internet, constatée depuis quatre jours, a un impact sur tous les secteurs de l'économie camerounaise.
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Depuis le 14 mars, le Cameroun fait face à une grave détérioration de la connexion internet. D'après l'Agence de Régulation des Télécommunications (ART), cette situation est due à « la rupture de la connectivité sur certains câbles sous-marins à fibres optiques de télécommunications (SAT 3, WACS et Main One) assurant l’accès de notre pays aux autoroutes mondiales de l’information ». Avec une influence majeure sur l'économie. Selon les experts en économie numérique, les pertes pour l'économie camerounaise pourraient dépasser les 500 millions de Fcfa par jour, tandis qu'au Sénégal, par exemple, les syndicats du secteur des postes et télécoms estiment la facture quotidienne à près d'un milliard de Fcfa, comme c’était le cas le 05 février dernier.
Au plus fort de la crise anglophone en 2017, des organismes internationaux tels que le Crisis Group, Internet Sans Frontières et Access Now avaient évalué les pertes quotidiennes causées par la coupure d'Internet dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun à environ 45 millions de Fcfa. « Or, si l’on va sur la base de la moyenne de ces données pour les autres régions du pays, considérant les dix régions et le nombre sans cesse croissant des utilisateurs d’Internet au Cameroun (de 6,13 millions d’utilisateurs d’Internet en 2018 à 12,7 millions en 2024, selon Datareportal), on peut dire que pour une seule journée de coupure de l’Internet au Cameroun, l’impact socioéconomique peut être estimé à environ 500 millions de Fcfa », explique Beaugas Orain Djoyum, CEO du cabinet ICT Media Stratégies, spécialisé dans la veille stratégique, l’e-réputation et la régie publicitaire web.
Effectivement, les perturbations constatées dans la connexion à Internet ont un impact sur tous les secteurs de l'économie. Les services financiers sont les plus touchés, en passant par les multinationales qui exploitent les réseaux sociaux pour faire la promotion de leurs produits, les petites entreprises locales, les startups et même le secteur public. « Tous les produits digitaux ne fonctionnent pas, se plaint sous cap, un cadre d’une banque locale. Les portefeuilles électroniques ne sont pas accessibles ; les clients ne peuvent pas faire d’opération. Pour le moment, on ne peut pas chiffrer le manque à gagner, parce qu’il faut attendre le bilan qui doit être fait à la fin du mois mais globalement, les pertes devraient se chiffrer en millions de Fcfa ».
Les répercussions sont significatives tant pour les banques que pour les établissements de microfinance (EMF) qui se spécialisent dans les opérations de transfert et de retrait d'argent. Vendredi, Françoise, caissière dans un EMF à Yaoundé, n'a pas réussi à effectuer une seule opération. « Sans connexion, il est impossible d’avoir accès à notre plateforme d’opérations. Notre agence n’a donc opéré aucun franc de la journée. De même, la taxe de 0,2% que nous prélevons sur chaque retrait d’argent et que nous reversons ensuite à l’Etat a été impactée par la situation ».
La situation concerne également les particuliers. « Sans Internet, nous sommes sans ressources. Sans Internet, pas de travail. Donc, pas d’argent. En clair, des PME comme la nôtre vont fermer boutique ou réorienter complètement ses activités si la situation perdure. Depuis jeudi par exemple, il nous est impossible de proposer à nos clients et aux organisateurs d’événements nos services de live streaming professionnel sur Facebook, X et YouTube. Cela fait moins d’argent non seulement pour notre cabinet, mais également pour nos clients, et aussi et surtout pour le fisc camerounais, car nous payons les impôts », a déclaré Beaugas Orain Djoyum
Les perturbations dans la fourniture d'internet ont également un impact sur l'activité de Molly, une jeune vendeuse de vêtements et de mèches en ligne qui, en deux jours n'a rien vendu. « Je fais la promotion de mes produits à travers des vidéos que je publie sur les réseaux sociaux. La rupture de la connexion internet ne me permet pas de télécharger les vidéos et les publier. Du coup, je suis passée de deux ou trois commandes par jour à aucune vente ».
Le secteur privé serait le plus touché par les conséquences économiques de cette crise, qui n'épargne pas non plus l'État qui éprouve des ralentissements dans ses administrations et des perturbations dans certains services publics digitalisés. C'est dire que la dépendance à Internet dans tous les domaines de l'économie est considérée comme une arme à double tranchant.
Floyd Miles
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