Le ministère des Postes et Télécommunications (Minpostel) demande à l'entreprise SpaceX de l'Américain Elon Musk de mettre fin à ses services d'internet par satellite (Starlink) dans le pays. Le 4 avril dernier à Yaoundé, Digital Transformation Alliance et InnoTech Lab ont présenté la décision des autorités lors du lancement du programme Industry Maker Academy (Ima24).

La principale raison évoquée par la ministre Minette Libom Li Likeng est que Starlink viole la législation camerounaise en matière de fourniture de services Internet et s'est engagée dans une activité commerciale sans les autorisations requises de l'État, ce qui s'expose à des sanctions immédiates. « J’ai déjà reçu la directrice Afrique de Starlink et nous lui avons dit que le marché camerounais est ouvert, mais réglementé. Il faut avoir une licence et nous leur avons donné les conditions pour le faire », a martelé Minette Libom Li Likeng.

Au-delà de la violation de la réglementation du secteur par Starlink, le Minpostel souhaite protéger les intérêts de l'État et la vie privée des Camerounais. « Nous savons qu’au Cameroun, il y a Camtel, l’opérateur historique. C’est le seul qui est compétent pour gérer les infrastructures de transport. Une solution va être trouvée. Si Camtel ne se réveille pas pour être performante, Starlink va la balayer. Si vous laissez qu’on balaie Camtel sans encadrement, c’est vous-mêmes qui serez balayés après, parce que vous serez dépendants de Starlink qui prend vos données et les gère avec tous les dangers possibles », a laissé entendre Minette Libom Li Likeng a l’assistance.

L'État du Cameroun souhaite de manière explicite que l'entreprise américaine bloque les utilisateurs camerounais de Starlink en raison de l'absence d'autorisation de ses services sur tout le territoire du pays. « Il faut avoir une licence et nous leur avons donné les conditions pour le faire. Mais, il se trouve que comme le coût des forfaits d’Internet par satellite de Starlink est bas et que nous vivons le phénomène de la mondialisation, quelques Camerounais se sont procurés des équipements Starlink qui sont très faciles à manipuler. Il suffit d’avoir l’équipement Starlink, d’avoir un code, vous le branchez et vous êtes connecté. Avec tous les risques que cela comporte », a expliqué la ministre.

Depuis quelques années, les utilisateurs du Cameroun peuvent accéder aux services Internet Starlink grâce à des entreprises qui s'appuient sur des satellites situés au Nigeria ou au Benin, où Starlink dispose des autorisations légales de ces pays. Avec la survenue des coupures des câbles sous-marins ayant récemment causé des perturbations importantes d'internet au Cameroun et ailleurs, le marché a pris de l'ampleur. Bien que Starlink soit en attente d'autorisations officielles dans plusieurs pays, y compris le Cameroun, la majorité de ses équipements sont achetés sur le marché noir et sur des sites de commerce en ligne, à des prix allant de 400 000 Fcfa à 800 000 Fcfa.

Au lendemain de la sortie de la ministre des Postes et Télécommunications, la douane du Cameroun a pris acte. Pour ce faire, les contrôles douaniers rigoureux ont été renforcés à toutes les entrées du pays, en particulier aux aéroports internationaux de Yaoundé et Douala. Il est important de noter que la décision du Cameroun de mettre fin aux services de Starlink est une suite logique à des mesures similaires prises par d'autres pays tels que la RD Congo, la Côte d'Ivoire et la Guinée.