Selon le rapport de suivi de la situation économique du Tchad publier le 6 JUIN 2022 par la banque mondiale, le Tchad a connu une seconde année consécutive de récession en 2021.

L’économie tchadienne a subi au cours des dernières années plusieurs chocs exogènes : la montée de l’insécurité dans les pays voisins et la crise des matières premières en 2014 et les effets de la propagation du Covid-19 sur l’économie mondiale, courant 2020. Après deux années de forte récession en 2016 et 2017 (respectivement -5,6 % et -2,4 %), le Tchad avait renoué avec une croissance positive d’environ 3 % en 2018 et en 2019, grâce à la remontée des cours, et la forte reprise de la production pétrolière et agricole. La crise de Covid-19, la baisse des cours du pétrole à l’international et les restrictions sanitaires en réponse à la crise ont stoppé cette légère  dynamique de reprise et le recul de l’activité en 2020 aurait atteint ‑2,2 %.

La reprise espérée en 2021 n’aura finalement pas eu lieu (- 1,1%) en raison d’une diminution de la production de pétrole de l’ordre de 8 %, notamment suite à l’arrêt temporaire des exploitations du bassin de Doba. En 2021 le Produit intérieur brut (PIB) du Tchad s'est contracté de 1,2 %, en récession pour la deuxième année consécutive. En conséquence, le PIB par habitant a reculé de 4,2 %, une baisse qui s’ajoute aux 4,6 % déjà perdus en 2020.

Le Tchad a suivi un programme FMI appuyé par une facilité élargie de crédit entre 2017 et 2019, et les résultats obtenus ont été jugés globalement satisfaisants par les services du FMI. Comme dans plusieurs autres pays, la sixième et dernière revue de programme n’a pas été présentée en 2020 dans le contexte de crise sanitaire. Dans le cadre de la réponse à la crise liée à la Covid-19, deux financements d’urgence du FMI ont par ailleurs été octroyés respectivement en avril et juillet 2020, pour un total de 183,6 M$ au titre de la Facilité de crédit rapide (FCR), et le Tchad a également bénéficié d’un allégement de sa dette vis-à-vis du FMI de 4,06 M DTS en avril 2021 après 2 M DTS en octobre 2020, dans le cadre du mécanisme de Fonds fiduciaire d’assistance et de riposte aux catastrophes, le pays a également bénéficié du moratoire sur les échéances de paiement de sa dette (ISSD) mis en place par le G20 et le Club de Paris, qui a été prolongé jusqu’à fin 2021.

Faisant suite aux engagements des principaux créanciers du Tchad de trouver une solution afin de rendre la dette tchadienne à nouveau soutenable, le Conseil d’Administration du FMI a approuvé le 10 décembre 2021, un nouveau programme de facilité élargie de crédit (FEC) de 3 ans d’un montant de 392,6 M DTS (env. 486 M €). Le programme vise à soutenir les objectifs de renforcement de la gouvernance, à favoriser une croissance durable et inclusive, et à permettre une certaine discipline budgétaire et la mobilisation des recettes intérieures non pétrolières. Les discussions pour la première revue du programme, par ailleurs concomitantes à celles sur la restructuration de la dette tchadienne, sont en cours depuis le 30 mars 2022.

Soulignons qu’avec un PIB estimé à 6 538 Mds FCFA (env. 10 Mds €) en 2021, le Tchad est la quatrième économie de la CEMAC (11,3 % du PIB total) derrière le Cameroun, le Gabon et le Congo. L’économie tchadienne est largement dépendante de la production de pétrole (20 % du PIB et plus de ¾ des exportations de biens en 2019) qui a débuté en 2003 et a permis au pays de connaître une période de croissance rapide jusqu’en 2014 (taux de croissance annuel moyen de 13,7 %).