Au Cameroun, suite à la hausse des prix à la pompe de carburants, le gouvernement du président Paul Biya ne semble pas insensible aux cris de détresse de son peuple. En effet, au Cameroun, le prix du super est depuis ce 3 février 2024 établi à 840 FCFA (+15 %) et celui du gasoil à 828 FCFA (+13%). Notons que ces annonces proviennent de la réunion de concertation présidée ce même jour par le ministre du Commerce Luc Magloire Mbarga Atangana à la Caisse de stabilisation des produits des hydrocarbures (Csph). Réunion à laquelle ont pris part, les présidents des organisations syndicales et les membres du gouvernement (ministre du Travail, ministre de l’Eau et de l’Energie et ministre des Transports), visait sans doute à débattre de la proportion de ces ajustements. Afin de soutenir la population qui a accueilli cette nouvelle hausse comme un coup de masure, une nouvelle revalorisation de 5 % du salaire des fonctionnaires est envisagée.

 Il faut le dire, cette nouvelle augmentation des prix des produits pétroliers ne sera pas sans conséquences sur le quotidien du peuple. Cependant, d'après le gouvernement, cette mesure s’avère indispensable pour résoudre les contraintes budgétaires. Si la mesure est approuvée, ce serait la deuxième augmentation des salaires des agents publics après celle de 5,2 % intervenue en février 2023; toujours à la suite d'une première augmentation des prix des produits pétroliers.

Selon le communiqué signé du Secrétaire général des Services du Premier ministre, Séraphin Magloire Fouda et publié ce vendredi 2 février 2024, les discussions sont toujours en cours afin de statuer sur le Salaire minimum interprofessionnel garantie (Smig). « Par ailleurs, le gouvernement envisage de mettre en œuvre à brève échéance, l’ouverture du dialogue avec le secteur privé sur le Salaire minimum interprofessionnel garantie (Smig) sur les questions connexes ainsi que l’allégement de certaines charges fiscales et dans le secteur du transport routier », a déclaré le secrétaire dans ledit communiqué.

Une fois entérinée, la hausse des salaires va certes soutenir les agents de fonction publique dans un contexte où l'inflation qui a atteint 7 % en 2023 (la première fois depuis 28 ans) pourrait encore s'accélérer avec la hausse inévitable des prix des transports et du coût de la vie, mais elle aura un impact sur la masse salariale.

Selon le rapport de la situation sur la rémunération des agents publics annexé à la loi de finances, avec 411 749 employés actifs (+8, 6%), la masse salariale du Cameroun devrait atteindre 1 428,3 milliards de FCFA en 2024. Une fois les ajustements mis en place, ce montant, qui est déjà en hausse de 10% selon les prévisions, va sans doute augmenter. Cela pourrait éloigner davantage le Cameroun du seuil de soutenabilité de la masse salariale établi à 35 % dans la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (Cemac). Après ces ajustements, le ratio serait de 36 % pour des projections de recettes fiscalo-douanières de 3 968,3 milliards de FCFA dans la loi de finance 2024. Rappelons que le seuil de rationalité de la masse salariale en zone Cemac s'obtient en établissant le rapport entre les recettes fiscalo-douanières et la masse salariale totale.