Au fil du temps, la population de Yaoundé augmente, ce qui entraîne des embouteillages. Depuis 2019, la Communauté urbaine de Yaoundé est en charge du pilotage du Plan de mobilité urbaine soutenable élaboré par le gouvernement afin de faciliter la mobilité des personnes et des biens. Un an plus tard, le projet « Yaoundé Cœur de ville » (YC2V) est développé dans ce but.

Le projet, qui devait commencer à fonctionner le 24 janvier 2024, n'a toujours pas été lancé plus de deux ans après la signature de la convention de financement. On se souvient que le 4 février 2022, à Yaoundé, Alamine Ousmane Mey, ministre de l'Economie, et l'Agence française de développement (AFD) ont signé un accord pour le financement partiel d'environ 43,6 milliards de Fcfa. La ministre de l'Habitat et du développement urbain (Minhdu) reconnaît que les études de faisabilité ont été complètement validées depuis décembre 2022. « Cette validation complète qui a eu lieu le 6 décembre 2022 par une commission dédiée à cet effet, devait pousser au démarrage de ces travaux qui auraient dû changer le cœur de ville de Yaoundé. Tout a été planifié par la suite en 2023, pour un démarrage effectif en début de 2024. Rendu en mars 2024, compte tenu des éléments à ma disposition, il ne semble pas certain que les travaux démarreront dans les jours qui viennent», a déclaré la Minhdu Célestin Ketcha Courtes fin février à l’occasion de la 2e session du Comité de pilotage du projet YC2V.

Arnaud Philippe Ndzana, qui supervise le projet au sein de la Mairie de la ville a déclaré que « les fonds sont là, tout est prêt, les travaux vont démarrer ». A ce jour, la ministre de l'Habitat n'a pas de prévision quant à la mise en œuvre de ce projet urbain, malgré le retard accusé. Cependant, elle a déclaré à la radio le 3 mars dernier : « je puis vous rassurer que ce projet va démarrer en 2024 » !

Célestine Ketcha Courtes pense que les retards dans la mise en œuvre du projet sont causés par une différence « d'approche procédurale » voire même une collaboration « pas efficiente » entre les différents acteurs. « Il n’est pas compréhensible que pour une demande d’avis de non objection introduite par le Communauté urbaine le 22 mai 2023, que la réponse ne soit obtenue que 6 mois après. De plus, l’avis de non objection à la demande de l’AFD à la demande de madame la coordonnatrice des C2D sur le rapport d’analyses des offres relatives à l’avis d’appel d’offres à manifestation d’intérêt pour la sélection d’un cabinet chargé de réaliser l’audit compte et financier du projet Yaoundé Cœur de ville introduite le 17 novembre 2023, est jusqu’à ce jour attendu, etc. », fustige-t-elle.

Sur EcoMatin, l’on peut lire que l’AFD se dit « consciente » des interrogations que peuvent susciter les délais liés à la délivrance des Avis de non objection (ANO), mais ceux-ci ne constituent, « ni un facteur de blocage, ni un frein à la poursuite du projet Yaoundé Cœur de Ville ». Par contre, souligne le bailleur de fonds, « certains aspects du projet non tangibles sont en cours qui nécessitent un point d’attention important. Notamment la validation du Plan d’Action de Réinsertion (PAR) qui est un préalable au démarrage des travaux. Ce plan devra permettre aux populations impactées par le projet de bénéficier non seulement de solutions de relogement mais aussi d’accompagnement à la réinsertion dans leurs nouveaux lieux d’habitation », a-t- il confié à ce journal de référence.

Pour rappel, le projet Yaoundé cœur de ville sera financé à 49,2 milliards de Fcfa avec une participation financière de 5,6 milliards de Fcfa de l'État du Cameroun. Notons que ce n’est pas le seul projet attendu dans la capitale politique. Avant lui, le tramway, le Bus Rapid Transit (BRT), la voie de contournement de Yaoundé sont entre autres projets qui piétinent depuis des années.