Blanchiment d’argent & financement du terrorisme : les conséquences de la « surveillance renforcée » du Cameroun
Dernière mise à jours il y'a 1 ansLe 23 juin 2023, le Groupe d'action financière (GAFI), qui mène une veille internationale dans la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, a placé le Cameroun, la Croatie et le Vietnam sur sa liste « grise des pays sous surveillance renforcée ». Ces pays présentent des « déficiences stratégiques dans leurs régimes » pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme.
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L'inscription du Cameroun sur la liste « grise » du Gafi intervient sur fond de revendications séparatistes dans les deux régions anglophones du pays. De telles demandes sont soutenues par une grande partie de la diaspora anglophone du Cameroun, dont certains ont récemment été condamnés aux États-Unis pour avoir fourni une aide financière aux séparatistes depuis l'État hôte.
Dans le détail, le Cameroun fait partie des pays qui sont « particulièrement exposés à des risques de blanchiment des capitaux liés à l’intégration dans le système financier des produits issus de la corruption, des détournements de deniers publics, de la fraude fiscalo-douanière, du braconnage, du trafic d’espèces fauniques et d’essences forestières protégées », selon le Gafi.
Cette mise sous « surveillance renforcée » du Cameroun par le Gafi n’est pas non plus surprenante. En effet, l’on se souvient que dans une tribune libre parue le 21 décembre 2022 dans le quotidien camerounais à capitaux publics, l’ancien secrétaire permanent du Groupe d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique centrale (Gabac), Désiré Geoffroy Mbock, annonçait déjà que le Cameroun serait inscrit dans la liste « grise » du Gafi en 2023. M. Mbock soulignait alors que lors de sa dernière évaluation par les pairs, le Cameroun avait reçu 13 notations « partiellement conformes » (PC) en rapport avec le blanchiment d’argent et huit notations « non conformes » (NC) en relation avec le financement du terrorisme.
Maintenant que le pays de Paul Biya figure sur la liste « grise » du GAFI, indiqué M. Mbock dans un communiqué, il est placé sous la surveillance renforcée du Groupe d’examen de la coopération internationale (Geci), un groupe spécialisé de l’organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Après évaluation préliminaire, le Geci soumettra un plan d'action au Cameroun. Et s'il est déterminé que des progrès insuffisants ont été accomplis dans la mise en œuvre de ce plan d'action, les autorités politiques du pays devront publiquement et par écrit s'engager à agir au niveau gouvernemental le plus élevé, à prendre des mesures correctives dans un délai d'un an pour remédier aux lacunes identifiées dans le plan tout au long du processus d'évaluation.
Parvenu à ce stade, le non-respect de cet engagement aura pour conséquence que le Cameroun sera considéré comme un pays à haut risque et sera inscrit sur la « liste noire du Gafi » et soumis à une déclaration publique. « En termes clairs, dans le cas où un État membre ou membre associé du Gabac faisait l’objet d’une déclaration publique du Gafi, les banques étrangères pourraient suspendre toute transaction avec leurs correspondants des pays concernés », a expliqué Désiré Geoffroy Mbock.
Floyd Miles
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